De Mali… en pis?
Avec le temps qui passe et en l’absence d’une réaction digne de ce nom en face, les mouvements islamistes qui ont mis sous coupe réglée le nord malien sont en train de s’implanter durablement comme un arbre qui pousse des racines sur un terrain fertile. Par la charia et la destruction de l’important patrimoine séculaire de Tombouctou, la ville aux 333 saints, ils sont en train de dicter leur loi à une population désarmée et apeurée.
Plus le temps passe, plus ce que l’on redoute est en train d’arriver insidieusement. Il s’agit de l’endoctrinement de la population en général et de la jeunesse des villes occupées en particulier. L’une des manifestations de ce lavage de cerveaux est l’enrôlement des jeunes de moins de 20 ans par le MUJAO (Mouvement pour l’Unicité du Jihad en Afrique de l’Ouest).
Des jeunes enrôlés, formés au maniement des armes et au combat militaire, qui sont ensuite engagés dans la police islamique ou dans l’armée dans la perspective de la guerre de libération promise par Bamako et/ou la CEDEAO.
Des jeunes de Gao et de Tombouctou, après avoir essayé de s’opposer aux nouveaux maîtres, ont fini par rejoindre les envahisseurs. Une attitude qu’on a du mal à comprendre, étant donné que cette même frange de la population s’était montrée hostile à l’égard des envahisseurs, allant même jusqu’à les affronter les mains nues.
Pourquoi ce revirement brusque et dangereux? Ont-ils fini par se faire une raison et se dire que «si tu n’as pas la force du voleur, il faut l’accompagner avec son butin»?
Dans un Nord-Mali abandonné à son triste sort par le Sud, il faut reconnaître que c’est se faire hara-kiri que de s’opposer aux nouveaux maîtres. Ceux qui ont essayé s’en sont sans doute rendu compte et ont fini par être réalistes. Quoi de plus normal ! Le combat qu’ils comptaient mener de l’intérieur était censé être rapidement soutenu par un appui extérieur venu de Bamako et/ou de la sous-région.
Mais face aux atermoiements et aux querelles de chiffonniers, même les plus téméraires semblent avoir fini par jeter l’éponge. Au lieu de se tourner les pouces dans une région coupée du monde, bon nombre de jeunes préfèrent rejoindre les rangs des occupants dont il est de notoriété publique qu’ils sont pleins aux as et de surcroît dotés d’impressionnants arsenaux militaires.
Alors, pourquoi ne pas en profiter pendant qu’il est encore temps ? Les islamistes terroristes ne se font pas prier pour satisfaire la demande.
Pas besoin de se donner trop d’efforts pour lever des recrues. Il suffit de jouer sur le terreau fertile de la misère ambiante et les volontaires viennent se bousculer au portillon. Reste à distinguer ceux qui viennent juste pour l’argent de ceux qui veulent se faire engager pour la cause des nouveaux maîtres. Soit !
Les islamistes du MUJAO et d’Ansar Dine sauront apprécier. En attendant, ils se frottent les mains pour avoir eu autant de jeunes gens à endoctriner.
Ce sont autant de graines semées qui ne manqueront pas de pousser et qu’il faudra un jour éradiquer si jamais on parvenait à libérer le Nord-Mali.
Et c’est là que réside le danger de l’endoctrinement de la jeunesse de cette partie du pays. En cas d’intervention militaire, il y a de fortes chances qu’on ait des endoctrinés parmi les victimes. Sauront-ils réaliser à temps qu’il s’agit d’une opération de libération de l’emprise de fous de Dieu sans foi ni loi ? Là est toute la question.
Séni Dabo