Discuter sans disputer!
En attendant l’entrée en activité (grandeur nature) de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR), le Premier ministre, Jeannot Kouadio ahoussou, a décidé d’engager le dialogue républicain. Il s’agit de permettre aux principaux acteurs de la scène sociopolitique de se retrouver et exprimer ce qu’ils se reprochent mutuellement.
Une véritable catharsis qui nécessite une bonne dose d’humilité, de sang-froid et de compréhension de la part des uns et des autres. Car à quoi sert-il d’aller à une discussion en ayant une position figée?
«Dialoguer, c’est discuter pour conclure». Or conclure, c’est trouver un consensus qui engage les différentes parties à la discussion. Cela ne peut être possible que si chacun accepte de donner et de recevoir. Le dialogue républicain, qui s’ouvre aujourd’hui à Grand-Bassam, doit donc être compris comme tel par les uns et les autres.
Y prendre part, c’est admettre le principe d’adopter un profil bas en se disant que dans la crise de près de vingt ans (1994-2012) que traverse la Côte d’Ivoire, chacun a sa part de responsabilité.
À un moment donné, les victimes ont été des bourreaux et vice versa. Dans un tel paysage, les débats, on s’en doute, sont parfois houleux voire passionnés, chaque participant étant en même temps accusateur et accusé. Mais la finalité reste la recherche de la paix, de la réconciliation et de la cohésion.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Premier ministre, Jeannot Kouadio ahoussou, invite acteurs politiques et hommes des médias à mettre balle à terre. Même ceux qui, comme le FPI (Front Populaire Ivoirien), avaient invoqué des raisons les empêchant de prendre part à cette phase inaugurale du dialogue républicain, bénéficient d’une oreille attentive auprès du chef du gouvernement qui, selon des sources proches de son cabinet, souhaiterait qu’il n’y ait aucun propos malveillant contre le Front populaire ivoirien si celui-ci n’a pu se rendre ce matin à Grand-Bassam. Il était persuadé que la raison finirait par l’emporter sur l’incompréhension et l’intransigeance.
Et ce ton apaisant s’observe également chez les cadres du Fpi qui disent déplorer ce qu’ils considèrent comme des vices de forme: «Nous n’avons pas dit niet au gouvernement. C’est la forme du dialogue qui nous pose problème. En septembre, à la faveur de la rencontre que nous avons eue avec Alassane Ouattara, nous avons remis au gouvernement un mémorandum qui contient l’essentiel de nos préoccupations qui sont celles des Ivoirien, notamment la sécurité des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire. Nous nous interrogeons juste sur les termes de référence de ce conclave qui ne précisent aucune rencontre préparatoire. Or il aurait fallu qu’il y ait des rencontres préparatoires pour, entre autres, établir un chronogramme clair et consensuel. Cette préoccupation que nous avons transmise par courrier au Premier ministre n’a pas été acceptée. Il est trop facile de chercher à diaboliser le Fpi en le présentant comme un parti qui refuse le dialogue alors que c’est lui qui en est demandeur« .
Dans l’entourage du Premier ministre, il est dit que la séance inaugurale devait etre en partie consacrée à ce volet préparatoire de la réunion, comme pour faire droit aux préoccupations exprimées par le Fpi et ses alliés. La cause a dû être entendue. Car, aux dernières nouvelles, ce parti a décidé d’envoyer une délégation au conclave de Grand-Bassam.
Une chose est sûre, le dialogue inclusif souhaité par les uns et les autres doit se faire dans un esprit participatif et consensuel.
Faute de quoi, la réconciliation tant souhaitée ne sera qu’un vain puzzle aux contours et issues toujours complexes. Et pourtant, il faut bien que la Côte d’Ivoire sorte,enfin, de cette crise. Il suffit d’en avoir la volonté. Par-dessus tout.