Lapideurs à lapider?
Une délégation du Haut Conseil Islamique (HCI) du Mali, conduite par son président Mahmoud Diko et partie de Bamako, est arrivée dans le nord du Mali. Elle a pour mission d’engager des négociations avec les groupes islamistes armés qui contrôlent cette partie du pays depuis 4 mois. Une initiative qui intervient alors que dimanche 29 juillet à Aguelhok, les islamistes ont tué par lapidation un couple non marié.
Dès son arrivée à Gao, Mahmoud Diko, président du HCI du Mali a rencontré les notables et les chefs religieux de la ville, qui ont plutôt approuvé sa démarche de venir sur place en ce mois de ramadan, en signe de solidarité et de privilégier les négociations avec les groupes armés qui contrôlent le nord du Mali afin d’obtenir leur départ du territoire national.
Pour cette mission, l’interlocuteur privilégié de Mahmoud Diko est Iyad Ag Ghali, leader du groupe islamique Ansar Dine, qui avait libéré en mai dernier, sans contrepartie plus de 160 militaires de l’armée régulière faits prisonniers dans le nord du Mali et remis au HCI.
Le chef d’Ansar Dine a toujours affirmé que, contrairement aux rebelles touaregs, il était opposé à la partition du Mali mais qu’en revanche il est favorable à l’application de la charia et pour la création d’une société musulmane du Mali. C’est donc entre musulmans maliens que les négociations vont se dérouler, loin des regards indiscrets.
A Aguelhok, dans le nord du Mali, les islamistes ont tué par lapidation un couple non marié. C’est le premier cas de mort par lapidation rapporté dans le nord du pays où les islamistes confortent progressivement leur emprise.
Les faits remontent à dimanche 29 juillet au matin: un homme et une femme, ayant eu des enfants hors mariage ont été tués à coup de pierre au nom de la charia.
Selon un témoin, les deux personnes ont été amenées hors du village et placées dans un trou d’où seul le haut de leur corps dépassait. Les islamistes leur ont lancé des cailloux jusqu’à ce que mort s’en suive.
La scène s’est déroulée devant environ 200 personnes. D’après un habitant, les islamistes sont venus chercher les villageois afin qu’ils assistent à la lapidation.
Les gens ont refusé de jeter des pierres sur le couple, explique-t-il, tout en précisant que beaucoup ont été victimes de crises de nerf. Tout le monde est sous le choc assure ce témoin. Le couple a ensuite été enterré dans le cimetière communal.
Depuis le début de l’année, les islamistes se sont progressivement implantés dans le secteur d’Aguelhok. C’est là que fin janvier plusieurs dizaines de militaires maliens ont été froidement abattus.
Depuis, Ansar Dine et Aqmi se sont installés : ils occupent les bâtiments publics de la bourgade sahélienne et sont devenus récemment les maitres du forage qui fournit l’eau à la population. Les islamistes cherchent à enrôler les plus jeunes et ont interdit aux femmes de tenir boutique.
A Aguelhok, les habitants qui ont tenté, un temps, de résister à ce diktat islamiste se sentent aujourd’hui opprimés et désemparés.