Village Afrique… sans fric?
Le « Village Afrique », premier pavillon d’hospitalité du continent noir dans l’histoire olympique, devait être la vitrine de l’Afrique aux Jeux de Londres, mais cette expérience inédite a tourné court après la fermeture prématurée du site pour défaut de paiement.
Le fait de trouver les portes closes a provoqué colère et incompréhension des visiteurs parmi les 20 pays participants.
« C’est déplorable« , estime le conseiller économique de l’ambassade du Maroc à Londres, Larbi Bouattaf, dont le pays avait fait venir plusieurs artisans pour animer un véritable souk de 150 mètres carré.
« On est fous furieux« , réagit Lotfi Labaied du Comité national olympique tunisien, dont le pays disposait aussi d’un stand. « On se sent lésés. On a engagé beaucoup de frais » en faisant venir des gens, ajoute-t-il, alors que la location d’un espace de 25 mètres carré dans ce village de tentes était facturé 15.800 euros.
Le stand Tunisie proposait notamment des ateliers henné, mosaïque, poterie, et « on cherchait à donner une nouvelle image de la Tunisie après la révolution« , poursuit M. Labaied. « C’était positif, et là ça nous tombe sur la tête. On est détruits. »
Jusqu’à sa fermeture, le « Village Afrique », situé dans les jardins de Kensington au coeur de Londres, avait rencontré un beau succès avec 80.000 visiteurs.
Mais suite à un conflit à propos d’une affaire de factures impayées, un groupement de fournisseurs locaux « a décidé, de façon unilatérale et après un marchandage inacceptable, de suspendre ses prestations« , affirme la société française Pixcom, spécialisée en communication événementielle.
Les demandes de règlement étaient notamment présentées par une société de sécurité StoneHouse et une entreprise de fourniture de tentes Mar-Key pour un montant « avoisinant le demi-million d’euros« , selon l’un des organisateurs qui a requis l’anonymat.
Les entreprises concernées assurent que Pixcom n’a pas honoré ses factures.
L’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (Acnoa), à l’initiative du « Village Afrique », rejette toute responsabilité, dénonçant le « litige entre une entreprise française et des sociétés anglaises » qui a « engendré des conséquences des plus néfastes pour notre continent« .
« C’est mortel » pour l’image de l’Afrique, juge M. Labaied. « Vu que c’est l’Afrique, tout le monde va penser que ce sont les Africains qui sont responsables, mais il faut comprendre qu’en aucun cas, les Africains ne sont en cause« , insiste-t-il.
« Ce serait malhonnête de mettre ça sur le dos de l’Afrique« , représentée par plus de 900 athlètes sur près de 10.500 aux JO de Londres, estime aussi le directeur du village, Gilles Gabillet.
A l’image de la vingtaine de maisons nationales ouvertes au public pendant les JO de Londres, le « Village Afrique » était un espace de convivialité pour accueillir manifestations culturelles et gastronomiques, supporters, athlètes, chefs d’entreprise et simples curieux.