Retiré le projet de loi constitutionnelle qui proposait de voter le vice-président directement dans l’urne des élections présidentielles.
Soulagement de tous les députés à l’annonce du retrait par le ministre d’Etat, ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Cheikh Tidiane Sy, du retrait du projet de loi. Une décision sage qui correspond aux préoccupations du peuple sénégalais.
«Le président m’a demandé de vous informer de ce qui suit : il a pris en considération vos préoccupations singulièrement les préoccupations de sa majorité parlementaire. Il a pris bonne note des réactions des autres. Le président a reçu des messages de partout singulièrement de nos chefs religieux. C’est fort de tout cela qu’il m’a chargé de retirer le projet de loi».
Cette annonce du ministre d’Etat, ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy, a été accueillie par une salve d’applaudissements, révélateur du soulagement des députés de tous bords: majorité et opposition compris.
Au Sénégal, le gouvernement a dû finalement faire marche arrière au sujet du projet de loi du chef de l’Etat Me Wade, qui avait initié un projet de loi constitutionnelle qui modifiait les modalités d’élection, instituant un ticket présidentiel.
Fût-il passé, le projet aurait été une grande innovation pour l’élection de 2012 car en lieu et place d’un seul candidat, il aurait été exigé un ticket. Donc un président et un vice-président, comme à l’américaine.
A l’émission «La Grande interview» de la chaîne privée 2Stv, Souleymane Ndéné Ndiaye estimait que ce projet «est une avancée démocratique» pour le Sénégal, rappelant d »ailleurs que «le chef de l’Etat a toujours voulu que le vice-président soit élu et non nommé par lui».
Quant au tripatouillage de la Constitution craint par les Sénégalais, le chef du gouvernement avait estimé que la Constitution n’est pas le Coran.
«Le Coran est immuable et la Constitution ne l’est pas» , a-t-il dit, ajoutant que les Constitutions sont faites pour être modifiées. Seulement, a-t-il précisé, «il y a certaines dispositions de la Constitution comme la forme républicaine de l’Etat qui ne peuvent être modifiées».
Et pourtant, ce projet de loi, comme le disent certains observateurs avertis, aurait pu arranger beaucoup de choses, tant du côté de la majorité présidentielle que de celui de l’opposition.
Les électeurs sénégalais auraient été appelés à choisir simultanément un Président et un Vice-Président – dont le rôle constitutionnel est de remplacer le Président élu, en cas de décès ou d’empêchement – en 2012.
Les électeurs auraient dû tirer un bulletin sur lequel figurent les deux candidats exactement comme les deux faces d’une monnaie. Ils ne peuvaient pas voter pour l’un et rejeter l’autre. C’est strictement le cas aux Usa. Deux hommes élus et non un seul comme on en avait connu jusque-là.
La trouvaille du Président Abdoulaye Wade a fait énormément de fracas. Mais, d’un certain point de vue, elle n’était pas si mal que ça.
Du côté de la majorité présidentielle, le ticket aurait bien sur permis de relativiser l’âge avancé du candidat Wade à la présidentielle de 2012.
Le candidat du Pds se serait arrangé pour trouver un co-listier relativement jeune pouvant rivaliser d’ardeur et de verve avec les ‘jeunes’ candidats de l’opposition.
Une manière de capter tous ces électeurs révulsés par les candidats ‘has-been’.
Cette mesure aurait pu tempérer toutes les spéculations ou autres supputations autour de la candisdature de Karim Wade à la présidentielle de 2012.
En effet, on voyait mal Abdoulaye Wade faire de son fils Karim son co-listier en 2012 pour, en cas de victoire, se retrouver avec son fils à la tête du Sénégal comme président et vice-président.
La nouvelle disposition aurait pu également faciliter de nouvelles retrouvailles entre Wade et Idrissa Seck.
Le second tenant coûte que coûte à se présenter à la présidentielle de 2012, car n’adhérant pas à la candidature de son ‘père’, un ticket qui aurait fait bien l’affaire de tous les deux, meme s’il n’aurait pas fait pas l’unanimité au sein du PDS.
Encore moins dans la tête des Sénégalais, car confirmant tout le bien que ces derniers pensent de ce duo.
Une mesure qui arrange tout le monde? A défaut, Wade aurait pu faire appel à Aminata Tall pour en faire sa co-listière. Une belle manière d’appliquer la loi sur la parité.
Pour faire comme le vétéran américain John McCan avec la jeune Sarah Palin aux dernières présidentielles USA.
Même si bien sûr Wade et les libéraux n’auraient pas voulu connaître le même sort que ce malheureux ticket présidentiel républicain.
«De toutes manières, il y avait un petit calcul politique derrière cette idée de Wade, qui ne fait rien gratuitement», commentait une source anonyme.
Du côté de l’opposition, notamment de Bennoo Siggil Senegaal, le projet de loi de Wade aurait également pu faciliter les choses à Dansokho et compagnie, qui peinent à trouver l’oiseau rare pouvant battre Wade en 2012.
Il ne se serait plus agi pour eux de trouver un seul homme, mais d’en désigner deux.
Une tâche beaucoup plus facile pour Moustapha Niasse, Tanor Dieng, Macky Sall, Dansokho, Bathily et consorts.
Si le projet de loi lancé par Me Wade avait été adopté par le Parlement (où, rappelons-le, le parti au pouvoir pouvait compter sur une majorité écrasante), le vice-président aurait eu la même légitimité que le président.
Certains observateurs y voyaient déjà un retour au dauphinat et notamment au fameux article 35 qui, à l’époque, avait permis à Abdou Diouf de succéder à Léopold Sédar Senghor, à la tete de commande du pays.
Dieng D