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AHMADOU KOUROUMA: Un diseur de vérités pas tendre avec les leaders africains

Pas doux du tout… ce « matou » d’Ahmadou!

A l’image de Mongo Béti et dans la même veine que ces auteurs qui ne sont pas tendres avec les dirigeants africains, Ahmadou Kourouma a inscrit ses écrits dans la dénonciation d’une Afrique malade de ses présidents.

L’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma s’est fait davantage connaître à cause de son premier roman, «Les Soleils des Indépendances», paru en 1968, aux Presses de l’Université de Montréal. Une production novatrice dans son style, selon Coudy Kane, critique littéraire. Une attitude qui explique, sans doute, l’absence de sa reconnaissance littéraire par les éditions Présence africaine et celles du Seuil (même si les éditions Seuil finissent par publier ce roman en 1970).

Dans cette oeuvre, le patrimoine culturel malinké vient se greffer au français, langue d’écriture de Kourouma qui renonce ainsi au «beau style» auquel on avait droit chez certains écrivains africains de langue française.

Toutefois, évoque la spécialiste en littérature africaine, la langue mixte de Kourouma semble être le mode d’expression d’une conscience également hybride. Le style utilisé permet de revisiter l’opposition entre la tradition et la modernité, thème hérité de l’idéologie coloniale. «Les Soleils des Indépendances» aborde aussi la responsabilité de l’Afrique dans son propre malheur.

Né en 1927 à Boundiali (Nord de la Côte d’Ivoire), Ahmadou Kourouma est un écrivain ivoirien d’origine malinké. Elevé par son oncle, il suit des études à l’Ecole technique supérieure de Bamako (Mali) où il est considéré comme un étudiant contestataire.

Ahmadou Kourouma sera, par la suite, appelé sous les drapeaux et envoyé en Côte-d’Ivoire pour participer à la répression du mouvement naissant de libération, le Rassemblement démocratique africain (RDA). Il refuse et, mobilisé dans l’armée coloniale en Indochine, il rejoint son poste suite aux conseils de Bernard Dadié, l’écrivain alors le plus célèbre du pays, qui l’incite à aller y acquérir une formation militaire pour se préparer à la guerre anti-coloniale. Il rejoint ensuite la France, pour y suivre des études en mathématiques.

En tant que technicien des assurances, il regagne la Côte-d’Ivoire, en 1960, au lendemain de son indépendance, mais pas pour longtemps. N’étant pas en odeur de sainteté avec le régime de Félix Houphouet Boigny, il est emprisonné pendant quelques mois avant d’être libéré et de prendre le chemin de son premier exil qui le mènera jusqu’en Algérie. Ses oeuvres, issues de la période des indépendances, portent un regard très critique sur les gouvernants des pays africains indépendants.

Par ailleurs, le deuxième retour de Kourouma dans son pays, en 1970, sera presqu’aussi bref. Sa pièce de théâtre, «Le diseur de vérité», publiée en 1974, est jugée «révolutionnaire». Ce qui le reconduit à nouveau en exil au Cameroun, puis au Togo jusqu’en 1993, tout en poursuivant son ascension professionnelle dans des entreprises privées d’assurance.

Lorsqu’en septembre 2002, la guerre civile éclate en Côte d’Ivoire, il prend position contre l’«ivoirité» cette notion identitaire qui a plongé ce pays dans une instabilité chronique. L’auteur milite pour le retour de la paix dans son pays.

En dehors de «Les Soleils des Indépendances» qui obtient, en 1968 sur manuscrit, le prix de la revue québécoise Études françaises, il a aussi publié entre autres les romans «Monnè, outrages et défis» (1990, Seuil), «En attendant le vote des bêtes sauvages», «Allah n’est pas obligé» (2000, Seuil) qui obtient le prix Renaudot et le prix Goncourt des lycéens en 2000, et «Quand on refuse on dit non» (2004, Seuil), un ouvrage paru à titre posthume. Dramaturge, il est également auteur de livres pour enfants dont «Le griot, homme de parole» (2000, Édition Grandir).

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