Cadeau empoisonné pour Déby?
L’impondérable chef du Front populaire pour le redressement (FPR), Abdel Kader Baba Laddé, a finalement décidé de rentrer dans la république en déposant les armes. Fin de balade donc pour un homme qui, à la vérité, troublait aussi bien le sommeil de Bangui que de Ndjamena.
Le Tchad, un pays désormais sans rébellion; personne ne l’aurait cru. D’autant que 4 ans plus tôt, des rebelles avaient assiégé Ndjamena la capitale et menaçaient de solder les comptes au président Idriss Deby qui, rappelons-le, est un ancien maquisard. Mais aujourd’hui, cela n’est qu’un lointain souvenir puisque l’un après l’autre, tous les foyers de rébellion se sont éteints.
Et, même l’impondérable chef du Front populaire pour le redressement (FPR), Abdel Kader Baba Laddé, a finalement décidé de rentrer dans la république en déposant les armes. Fin de balade donc pour un homme qui, à la vérité, troublait aussi bien le sommeil de Bangui que de Ndjamena.
Certes, Baba Laddé, on le sait, était depuis peu militairement assoupi, si fait qu’il n’avait pas d’autre choix que de signer sa reddition. Mais quand un rebelle, pour une raison ou pour une autre, en vient à accepter de déposer les armes, surtout sans effusion de sang, il y a de quoi s’en féliciter. Cela participe d’un souci d’apaisement et de réconciliation. Et c’est bien le président Deby qui se frotte actuellement les mains, lui qui, on se rappelle, est parvenu à mettre sous l’éteignoir bien des rébellions que d’aucuns croyaient indécrottables.
C’est tout à son honneur, même s’il est encore trop tôt pour lui de crier victoire. Car, les mêmes causes produisant les mêmes effets, il n’est pas exclu que surgissent de nouveaux foyers de tensions aussi longtemps que prévaudra la mal-gouvernance et que seront confisquées les libertés publiques.
Plutôt que de s’en réjouir outre mesure, la reddition du rebelle Baba Laddé doit pousser le président Déby à la réflexion. C’est une épine de moins qui, en même tant qu’elle soulage, doit constituer un fil d’Ariane pour les autorités tchadiennes dans leur quête de l’unité nationale.
Et cela passe aussi par le respect de la parole donnée. En tout cas, on suppose qu’avant d’accepter de déposer les armes, le chef du FPR qui est déjà arrivé à Ndjamena, a eu la garantie que Deby ne lui fera pas la peau. Dans le cas contraire, ce nouvel accord risque encore de connaître le même sort que celui de 2009, année où Baba Laddé avait été arrêté et extradé par Bangui.
Peut-être revient-il aussi à ce dernier de savoir se tenir à carreau comme l’a si bien fait l’ancien rebelle Goukouni Weddeye qui, depuis des lustres, mène une vie paisible à Ndjamena. Mais en même temps, l’extinction des rébellions enlève tout prétexte de mauvaise gestion de la manne pétrolière à Déby. Il ne peut plus dire que les folles dépenses, c’est pour l’effort de guerre.