Okay? Non, ogay!
Le producteur britannique de la toute première pièce théâtrale sur l’homosexualité en Ouganda a des soucis avec la justice. David Cecil risque une peine d’emprisonnement de 2 ans dans ce pays d’Afrique de l’Est.
Cecil a participé à la production de « The River and the Mountain » [Le fleuve et la montagne], une pièce qui avait pour but d’inciter le dialogue sur l’homosexualité et les actes homosexuels. Ces derniers sont illégaux en Ouganda et suscitent souvent la condamnation des autorités réligieuses et des politiciens.
« The River and the Mountain » a été joué du 17 au 23 août dans un petit centre culturel à Kampala géré par Cecil et sa petite amie.
Le 6 septembre, Cecil a été inculpé pour avoir ignoré un avertissement préalable du Conseil ougandais des médias que la pièce ne devait pas être mise en scène avant d’avoir obtenu une « autorisation » officielle. L’avertissement avait été émis le 16 août, la veille de la première.
Le 29 août, après les représentations, le Conseil des médias a décidé que la pièce ne devait pas être mise en scène parce que des parties de la production « encouragent implicitement les actes homosexuels qui sont contraires aux lois, normes et valeurs culturelles de l’Ouganda« .
Cecil dit que lui et le dramaturge britannique Beau Hopkins, en collaboration avec le directeur ougandais Emurwon Angella et les acteurs ougandais, ont décidé d’aller de l’avant avec la mise en scène parce que la lettre d’avertissement initiale du Conseil des médias « en aucun cas » fait référence aux éventuelles conséquences juridiques. Cecil affirme: « Même mon avocat ougandais a lu la lettre et a déclaré qu’elle ne constitue de toute évidence pas un ordre juridique« .
Mais depuis, Cecil a été contacté par la police et accusé par la suite d’avoir désobéi à un ordre d’une autorité publique: le Conseil des médias. Après avoir examiné les accusations, les autorités décideront s’il faut traîner le producteur de 34 ans devant le tribunal. Il est difficile de savoir quand est-ce que la décision va tomber.
Dans le même temps, Cecil, qui a vécu en Ouganda pendant 3 ans, a dû remettre son passeport. Il a été placé sous caution par la police.
Cecil dit que si l’avertissement initial avait été plus clair, il aurait peut-être décidé de ne pas monter la pièce. « Je n’ai vraiment pas eu l’intention d’insulter qui que ce soit, et je ne suis pas un défenseur des droits. Je voulais juste ouvrir le dialogue« , dit-il.
Il avoue se sentir comme « pris au piège » des autorités locales qui saisissent avec empressement toute occasion de présenter l’homosexualité comme une abomination « importée » par les Occidentaux comme lui.
« C’est ironique parce que c’est exactement le thème de notre pièce théâtrale. L’ironie du sort, cela montre que notre pièce contient une part de vérité« , explique Cecil.