Sénat: c’est non?
Le projet de suppression du Sénat est-il en passe de se transformer en véritable patate chaude entre les mains de Macky Sall? Rejetée par les membres de la chambre haute du Parlement, une chambre dominée par le Parti démocratique sénégalais (Pds), la loi portant révision constitutionnelle va nécessairement passer devant le Congrès (réunion de l’Assemblée nationale et du Sénat). Et, pour être adoptée, elle doit être votée par 3/5 des membres présents, lors de cette réunion des deux Chambres du Parlement.
La suppression envisagée du Sénat ne sera pas offerte à Macky Sall sur un plateau d’argent. Pour cause, les sénateurs dont le mandat expire en 2014 ont catégoriquement refusé de s’auto-dissoudre et de sacrifier leur institution à l’autel des desiderata du chef de l’Etat, même si le prétexte annoncé (inondations) pour liquider la chambre haute suscite une forte adhésion auprès des citoyens sénégalais. Les manoeuvres de la nouvelle opposition politique incarnée par l’ancien parti libéral au pouvoir sont passées par là. Dominant dans sa globalité le Sénat, le Pds de Me Wade a sommé ses sénateurs, nommés pour la plupart par décret présidentiel, de dire non au projet de révision constitutionnelle de Macky Sall.
Le résultat (rejet de loi sur la révision constitutionnelle) a été, dans une moindre mesure, un camouflet pour le Président Macky Sall qui est désormais obligé, lui et sa coalition Bennoo Bokk Yaakaar, de jouer des coudes pour faire adopter la loi, lors du Congrès du Parlement. Une réunion qui devra regrouper les deux chambres du Parlement (Assemblée nationale et Sénat) pour examiner une loi ne pouvant être adoptée, pour de bon, qu’avec le vote favorable de 3/5 des parlementaires présents à la rencontre.
Un hypothétique blocage du projet de loi pourrait conduire à l’organisation d’un référendum à travers lequel le peuple sera appelé à donner son avis. Une telle perspective, de nature coûteuse, fragiliserait la position de Macky Sall, selon bien des observateurs de la scène politique. Surtout dans un contexte dominé par les inondations, la cherté de la vie et la nécessité d’une meilleure utilisation des finances publiques.
Pour éviter d’arriver à une éventuelle, des manoeuvres de couloirs sont toutefois amorcées avec diligence, au sein de la coalition Bokk Yaakaar, pour garantir le Président d’une surprise de dernière minute. Ce qui serait tout à fait improbable sinon impossible, selon Moustapha Diakhaté. Le président du groupe parlementaire Bokk Yaakaar assure en effet que la mouvance présidentielle dispose déjà de près de 157 voix pour voter la loi, lors du Congrès, alors même que l’effectif requis est tout juste de 150 électeurs si tous les parlementaires assistent au Congrès.
Dans l’immédiat, la procédure de suppression du Sénat suit son cours à l’Assemblée nationale. Les présidents de commissions cherchent à s’entendre sur une date pour examiner en deuxième lecture, le projet de loi en question, comme le veut la procédure parlementaire.