Proposition de deux ans seulement de pouvoir et gouvernement d’unité nationale, en cas de victoire de Wade.
Mais l’hypothèse d’une victoire de Wade, contenue dans cette proposition alors que l’élection n’a pas eu lieu, est «inacceptable».
C’est fini. La campagne électorale a pris fin, vendredi soir à minuit. Dimanche, les Sénégalais seront appelés aux urnes pour choisir leur nouveau président.
Pendant que les derniers meetings avaient lieu, l’ancien président nigérian, Olusegun Obasanjo a remis une « feuille de route » à ses interlocuteurs, notamment aux responsables du M23, le mouvement du 23-Juin, qui regroupe les partis d’opposition et les organisations de la société civile sénégalais mobilisés contre la candidature d’Abdoulaye Wade.
Le M23 étudie cette proposition de l’émissaire de l’Union africaine. Il devait lui donner sa réponse ce samedi à 10h00, heure locale.
Alioune Tine, coordinateur du M23, rapporte que la feuille de route propose notamment qu’Abdoulaye Wade, s’il gagne, ne reste pas plus de deux ans au pouvoir, et mette en place un gouvernement d’union nationale.
Mais pour Macky Sall, candidat à la présidentielle, la simple hypothèse de la réélection de Wade, alors que le scrutin ne s’est pas encore tenu, est «inacceptable», et revient à «manquer de respect aux Sénégalais» qui doivent décider eux-mêmes de leur prochain président.
Dans la soirée de vendredi, les ultimes meetings de la campagne présidentielle sénégalaise s’étaient tenus à travers le pays.
C’est bien sûr le meeting d’Abdoulaye Wade, 85 ans, qui a le plus retenu l’attention. Le chef de l’Etat était en périphérie de Dakar, où avaient été installés un podium et des tribunes devant le domicile de Cheikh Béthio Thioune, important leader religieux qui a annoncé son soutien au président sortant. Une façon de remercier ce grand électeur dont la voix peut apporter au chef de l’Etat sa troisième réélection dès le premier tour.
Le camp Wade avait d’ailleurs vu les choses en grand: l’axe routier où se déroule le meeting était sonorisé sur plus de 200 mètres par des camions portant d’immenses enceintes. Dès l’après-midi de vendredi, des cars avaient déversé des flots de supporters plus ou moins jeunes, venus des banlieues de Dakar et des villes voisines. Mais ce n’était pas non plus l’indescriptible foule soulevée par Abdoulaye Wade en 2000, alors qu’il était l’opposant préféré des Sénégalais.
La coalition de Macky Sall tenait un meeting de clôture en banlieue de Dakar.
La coalition Bennoo Siggil Senegaal, qui porte la candidature de Moustapha Niasse, organisait, elle, une caravane dans une relative tenue, la coalition étant toujours en deuil après les décès accidentels de deux de ses militants jeudi.
De son côté, le candidat du Parti socialiste tenait meeting dans le petit stade Iba Mar Diop, dans le quartier populaire de la Médina à Dakar. Le stade était dominé par la couleur verte des supporters d’Ousmane Tanor Dieng. En attendant leurs candidats, les supporters de Ousmane Tanor Dieng ont chanté et dansé, sur un refrain revenant sans cesse en wolof et signifiant: «le Vieux doit partir». C’est le signe que la décision du Conseil constitutionnel, qui avalisé la troisième candidature d’Aboulaye Wade à la présidentielle, n’est toujours pas passée chez ses opposants.
Les opposants à Abdoulaye Wade ont d’ailleurs tenté une nouvelle fois d’accéder à la Place de l’Indépendance, dans le centre-ville, où les manifestations sont interdites.
Par contre, quelques centaines de femmes (peut-être 300) ont manifesté vendredi après-midi à Dakar. Une marche dont l’idée avait été lancée en dehors des structures organisées, par les réseaux sociaux et le bouche à oreilles, et qui se voulait apolitique, pacifique, contre la violence et … contre la candidature d’Abdoulaye Wade.
A deux jours du scrutin qu’une partie de l’opposition juge impossible en raison des violences de ces dernières semaines, l’Eglise sénégalaise a d’ailleurs également fait entendre sa voix en faveur du dialogue entre le parti au pouvoir et les candidats de l’opposition.
Dans une déclaration commune, les évêques du Sénégal décrivent une «situation d’urgence», et parlent d’un «climat de contestation véhémente». Ils craignent «un engrenage de violences».