Une intéressante réflexion approfondie sur le nouvel imaginaire africain.
La littérature permet, d’évoquer et expliquer la situation du peuple africain qui nage entre les eaux, ballotté entre son africanité et la modernité occidentale. Errance totale aggravée par le post-colonialisme où l’Africain se trouve martyrisé sur sa terre natale par les gouvernants locaux dont le désordre s’accorde avec l’image de «La Chorale des mouches», jugé encombrant et rejeté par l’Occident dont les frontières sont verrouillées! Ce qui lui vaut, malheureusement, d’être traité d’«émigré», «immigré», «demandeur d’asile», «réfugié», «sans-papiers», «clandestin». Autant de termes utilisés dans un contexte où les pays du Nord font des migrations un problème sécuritaire.
Les Africains, lassés des vaines promesses de leurs chefs, n’ont pas peur des barbelés ou des mesures draconiennes dressées contre leur quête de «bonheur» en Europe. Il s’en suit leur cri de colère suscité par la mort, la torture et les malheurs dont ils sont victimes vers un certain Eldorado. Ce drame historique se nourrit des réflexes de subordination, du complexe d’infériorité et du mépris de soi. En Europe, il est banal d’entendre dire que l’Africain porte le poids des problèmes à cause des sinuosités et méandres de son itinéraire historique.
Le «demandeur d’asile» est vu comme quelqu’un qui ne réussit pas à obtenir le statut de réfugié politique et se trouve condamné à l’errance avant d’être rapatrié dans un avion Charter et de retrouver les bourreaux et ‘affameurs’ d’un régime dont il avait voulu se débarrasser.
C’est là un exemple concret du calvaire de nombreux jeunes qui quittent l’Afrique vers l’Europe, fuyant la misère et la torture, monnaie courante sur leur sol natal. Ils en ont raz-le-bol et sont fatigués de supporter l’indignité. Qui finit par gagner l’Eldorado européen n’a pas souvent vie facile. Une idéologie xénophobe entretient sur les Africains des clichés ridicules loin de l’image de marque des sociétés «démocratiques». Face à cette situation, plus en plus de personnes ont choisi l’immobilisme et le défaitisme dont on peut se demander s’il n’est pas le reflet d’un essoufflement ou d’une réelle fatigue. D’autres ont opté pour une nouvelle vision de l’avenir.
Il est temps de jeter les bases d’un nouvel imaginaire susceptible de développer des images dynamiques pour la refondation de l’Afrique et des peuples nègres.
C’est un travail de longue haleine qui sollicite un commencement. Et ce qui commence est souvent déviant et marginal.
Ce qui se joue est sans précédent dans l’histoire des mélanodermes colonisés par l’Occident.
Il faut s’engager avec espérance sur la voie du rêve d’un autre monde pour affronter les défis de l’Afrique et de toute la planète. On ne peut rien faire sans espoir, en se cantonnant dans la mélancolie, l’indifférence ou la résignation. La grandeur de la cause nègre doit nous donner le courage, la volonté et l’espérance d’un nouveau matin du monde.
C’est la raison d’être de ce livre dont la présente introduction met le doigt sur les écartèlements de l’homme africain en quête d’un refuge à travers le monde, qui constituent, dans une large mesure, une base de réflexion.
Le premier chapitre met en évidence les raisons de la fatigue de l’Africain et mène une réflexion qui délégitime les sources de l’épuisement qui ronge les forces vives du continent noir .
Le deuxième chapitre est un plaidoyer pour un nouvel imaginaire africain. Pareil projet s’impose là où la presse focalise une photographie: le petit qui meurt de faim, le ventre gonflé et la peau sur les os; les guerres économiques baptisées «ethniques».
Cette image qui donne le dégoût de l’Afrique est devenue la carte de visite d’un continent qui pourtant croît en silence, en s’adaptant tant bien que mal aux programmes d’ajustement structurel des institutions financières internationales.
«Emancipe toi, toi-même de l’esclavage mental, personne d’autre que toi, ne peut libérer ton cerveau!» (Bob Marley).
Afri-Nous