Comblé de blé?
Dans les pays africains, des chercheurs tentent de trouver des moyens d’améliorer la production de blé nationale afin de faire face à des conditions sous-optimales et à une concurrence internationale féroce.
Par exemple, en Somalie – un pays mieux connu pour ses conflits et ses famines que pour ses recherches agricoles -, des étudiants de troisième cycle explorent bénévolement de nouvelles façons de réduire la facture d’importations de blé, un sujet abordé dans l’un des nombreux résumés de recherche présentés à l’occasion d’une conférence sur le thème «Du blé pour la sécurité alimentaire en Afrique», qui s’est tenue récemment à Addis Abeba.
Les importations de blé, qui coûtent chaque année à la Somalie entre 30 et 40 millions USD, drainent «les faibles réserves de devises fortes obtenues grâce aux exportations de bétail et aux transferts de fonds», rapporte Jeylani Abdullahi Osman, l’un des volontaires somaliens qui, avec ses collègues, ont étudié l’agriculture à l’étranger et sont revenus en Somalie pour développer des variétés de blé capables de résister aux températures de plus en plus élevées du pays. Le blé pousse bien dans les régions fraîches, mais il s’adapte à une grande variété de climats.
En 2005, les volontaires ont créé une ferme de recherche, l’Afgoye Field Crop Research Farm (AFCRF), dans le district d’Afgoye, dans la région de la Basse Shabelle. Ils y testent la tolérance à la chaleur et au stress hydrique de plusieurs variétés de blé. Selon M. Osman, ils ont identifié plusieurs cultivars prometteurs, mais le manque de soutien technique et financier a jusqu’à présent limité la production commerciale.
Le résumé d’une étude publiée à l’extérieur du Cameroun indique que la demande de pain augmente dans le pays, mais que la teneur en protéines du blé importé utilisé pour produire la farine à pain est inférieure à 12%. La teneur en protéines du blé de bonne qualité atteint quant à elle 14 à 15%.
«Les volontaires somaliens…qui ont étudié l’agriculture à l’étranger…sont revenus en Somalie pour développer des variétés de blé capables de résister aux températures de plus en plus élevées du pays»
L’auteur principal, Michael Taylor, de l’université norvégienne des sciences de la vie, qui travaille actuellement auprès de la délégation de la division de l’agriculture et du développement rural de Fontem-Lebialem au Cameroun, identifie des variétés de blé ayant une teneur élevée en protéines et qui pourraient être cultivées au Cameroun.
Selon des chercheurs de l’Institut éthiopien de recherche agricole, les anciennes variétés de blé utilisées pour faire de la farine à pain ne résistent pas aux nouvelles souches de la rouille des tiges du blé – une maladie fongique virulente capable de dévaster des cultures en l’espace de quelques semaines. Les auteurs ont identifié de nouvelles stratégies afin de produire à grande échelle les semences résistantes à la rouille du blé qui ont récemment été développées et les distribuer.
Des équipes de recherche du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud tentent également de trouver des moyens d’aider leurs agriculteurs à faire face à la concurrence des importations de blé bon marché.
La Zambie est un cas intéressant. Selon des chercheurs de Seed Co., une entreprise basée au Zimbabwe, le pays, qui est autosuffisant en blé depuis peu, est déjà confronté à des baisses de rendement. Les chercheurs ont évoqué plusieurs facteurs, notamment les difficultés de commercialisation pour les petits producteurs, l’augmentation des coûts de production et l’indisponibilité des variétés de blé adéquates.
Les résumés de ces recherches et d’autres, portant sur l’Algérie, l’Égypte, le Soudan et la Tunisie, sont disponibles sur demande auprès du Centre International pour l’Mmélioration du Maïs et du Blé (CIMMYT), basé au Mexique.