La délégation d’Al Ahly du Caire était aux anges après avoir reçu des mains du ministre des Sports tunisien le précieux trophée continental, le septième de l’histoire du club du Siècle en Afrique. Le coach Houssam El Badry tenait sa revanche sur les sceptiques. Il allait traduire cette libération de façon modérée et très fair-play dans la conférence de presse d’après-finale.
En revanche, beaucoup de tristesse digne se lisait sur le visage des Sang et Or. A l’image de leur entraîineur, Nabil Maâloul, ils ont su garder toute leur lucidité.
Houssam El Badry (entraîneur Al Ahly)
Un succès en Tunisie, dans un pays que j’aime particulièrement, c’est extra. D’ailleurs, je voudrais remercier énormément le peuple tunisien qui nous a rendu l’excellent accueil réservé aux Espérantistes il y a deux semaines au Caire et à Alexandrie.
En fait, j’ai été agressé la veille de la finale par une chaine de télévision locale qui a parlé d’un El Badry manquant d’expérience, quasiment un novice opposé au maîitre Nabil Maâloul. Aurait-on oublié que j’avais gagné ce titre quatre fois avant la finale de ce samedi? Avec le Portugais Manuel José, que faisais-je ? Etais-je en train de jouer les utilités ?
En tout cas, cette frustration n’a fait qu’ajouter à ma motivation. Pour en fin de compte remporter ce trophée pour la cinquième fois. Nous dédions ce titre aux victimes des drames qu’a vécus l’Egypte. Dieu nous a permis de rendre cet hommage, nous sommes comblés.
Je vais vous avouer que depuis le début de l’aventure africaine, je souhaitais jouer la finale en Tunisie, ici à Radès. Car la Tunisie reste un grand pays. Tout comme l’Espérance, desservie par les absences, certes. Les entraîneurs se nourrissent de grands rêves légitimes qu’ils ne réalisent pas toujours.
La finale africaine a honoré, je crois, le foot continental. Sur les deux rencontres, Al Ahly a été meilleur. Il a amplement mérité son sacre.
Ce soir, nous avons totalement dominé la première période. Nous avons su exercer une pression constante. Nos deux buts d’avance après une heure de jeu ont carrément tué la rencontre.
Al Ahly était animé d’une détermination féroce. Il le voulait ce titre. En revanche, toute la pression était sur l’Espérance. Mais cela ne change rien à mon idée. L’Espérance, pour l’avoir vue jouer plusieurs fois, reste une grande équipe que je respecte énormément.
Une fois, l’spérance nous a battus avec à la barre technique Faouzi Benzarti. Une autre fois, c’est nous qui avons le dernier mot. Ainsi va le football!
Nabil Maâloul (entraîneur Espérance de Tunis)
D’abord, je dirai bravo à Al Ahly qui a mérité son sacre. Nous n’allons pas chercher des excuses, et mettre cette défaite sur le compte des absences. Néanmoins, ce soir, l’Espérance ressemblait à un avion à une seule aile. Car toute l’aile droite était décapitée par suite de la suspension de Samah Derbali et Harisson Afful. Pourtant, leur remplaçant Chaker Zouaghi a été excellent, du moins sur le plan défensif en dépit du fait qu’il jouait pour la première fois à droite.
Se créer seulement trois occasions nettes dans une finale que nous jouions sur notre pelouse est un fait inadmissible. Nous devions gérer cette deuxième manche à notre guise, mais cela n’a malheureusement pas été le cas. Il y eut quatre ou cinq joueurs de base, des piliers de l’équipe qui étaient en méforme totale ce soir. En plus de l’absence d’un métronome, blessé deux jours avant la finale (Mejdi Traoui). Sans parler de Youssef Msakni , diminué car de retour d’une opération, mais qui a donné tout ce qu’il avait dans le ventre. En tout cas, il a joué beaucoup mieux que les autres titulaires et remplaçants. J’ai fait le choix de l’aligner, je l’assume. Mais, rassurez-vous, je ne regrette nullement mes choix.
Le premier but a été mortel, car marqué à quelques secondes de la mi-temps. Le timing était tout ce qui pouvait nous arriver de pire. Après la pause, nous avons cherché à jouer le tout pour le tout. Nous avons procédé aux changements indispensables. Mais Al Ahly était meilleur ce soir. Il est facile à posteriori de dire pourquoi tel choix, et pas tel autre. Mais l’essentiel est ailleurs. Nous avons été battus par plus fort que nous.
Jean-Jacques Tizié (entraîneur des gardiens de but de l’Espérance)
Al Ahly a été ce soir supérieur sur tous les plans. Bien sûr, nous ressentons aujourd’hui, si près du but une grande déception, mais il faut savoir tirer les enseignements et repartir plus fort encore.