Des airs au désert!
En plein désert, entre les dunes dorées, fut érigée une scène artistique. Mhamid El Ghizlane en a l’habitude. Il s’agit déjà de la 4ème édition du Festival Taragalte, le carrefour des musiciens et troupes africaines. Une véritable ambiance animée par des troupes venues du Mali, de Mauritanie, de France et de plusieurs régions du Maroc.
L’échange était fructueux, la synergie amicale et le partage sans limites. Mais le public de Mhamid attendait davantage cette jeune chanteuse marocaine, hissée cette année au rang de «marraine du Festival Taragalte». A la faveur d’une animation d’une certaine Latefa Ahrrare, la star de cette 4ème édition est montée sur scène. Vêtue d’un costume du désert, un blanc et un mauve froid, sur une couleur naturellement brune et avec le même style habituel d’Oum au niveau de la chevelure, la montée sur scène fut spectaculaire. La voix douce, mais forte de la chanteuse s’est vite habituée aux airs du désert.
Emporté, le public s’est mis à danser, les gandourah bleues et blanches donnaient de la couleur à cette fête musicale. Une grande liesse et un sentiment de dépaysement total. Rien à voir avec les autres festivals où les places réservées donnent une idée sur le statut social. Ici, tous les invités sont égaux. Le désert sert aussi à cela : réduire les inégalités. La musique du désert a été au rendez-vous également avec le programme dédié aux femmes du désert, avec une participation féminine le deuxième jour du festival. Ainsi et outre les groupes locaux de Guedra et Chemra ainsi que Mnat Azauan de Guelmim, danses sahraouies authentiques, la soirée a connu la participation d’une troupe mauritanienne et de sa star Mint Seymali ainsi que de la Malienne Tartit Tombouctou. Ondulations, ondoiements, rythmes et couleurs, autant de diversités dans cette soirée pleinement réussie.
Et ce n’est pas le Français Nico Wayne Toussaint, ni d’ailleurs le Malien Samba Touré qui vont démériter. Le service était de qualité. L’hommage rendu à Ali Farka a été l’apogée de cette saga musicale africaine. Une aubaine pour un public désormais habitué aux grandes troupes. Après les Tinarewens lors de la première édition, plus rien ne doit surprendre.
Baptisé «Taragalte», qui n’est autre que l’ancien nom de M’hamid El Ghizlane, ce Festival met l’accent sur l’importance des liens entre le passé, le présent et le futur. Le mode de vie des nomades et des communautés bédouines vivant dans le désert sera à l’honneur en vue de préserver ce patrimoine culturel. Autrefois carrefour des cultures, des ethnies et des civilisations de par sa situation géographique comme point de rencontre des caravanes traversant le désert pour relier Marrakech, Fès, Tanger à Taoudenni et Tombouctou, Mhamid El Ghizlane renoue avec son passé, à travers ce Festival artistique qui a acquis désormais ses lettres de noblesse.