Acculé, le miraculé n’a pas reculé!
Depuis le 14 octobre 2012, le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, était en soins à l’hôpital de Percy à Clamant Paris. Blessé la veille à plus d’une centaine de km de Nouakchott, la capitale, il avait été pris en charge en Mauritanie avant d’être évacué en France.
Un incident gravissime commis par « erreur » par un militaire qui avait fait feu sur le véhicule V8 du n°1 mauritanien, lequel avait refusé d’obtempérer à la sommation des soldats en patrouille. La blessure était-elle légère (au bras) comme l’ont prétendu les sources officielles ou des organes vitaux avaient-ils été atteints, comme le laisse penser cette longue convalescence ?
Toujours est-il que cette longue absence a suscité des polémiques, tant au niveau du pouvoir que de l’opposition regroupée dans la Coordination de l’opposition démocratique (COD). L’image d’un Ould Abdel Aziz recouvert jusqu’au cou sur son lit à l’hôpital mauritanien, puis ses annonces de retours avortés, ne peuvent que faire pencher à une incapacité momentanée de gérer les affaires du pays.
Ce 24 novembre 2012, le tombeur d’Ould Abdellahi, président élu, a décidé de couper court aux rumeurs en rentrant au pays.
Un peu amaigri mais apparemment bon pied bon oeil, le chef de l’Etat est descendu de l’avion, et après les salutations d’usage du Tout-Etat, il a pris un bain de foule, et celle-ci scandait : « Votre santé est la garantie de notre progrès », « votre absence nous a attristés, votre présence nous soulage », « l’ennemi ne pavoisera pas » ; une attitude qui tranchait avec celle du COD, laquelle avait tablé sur une fin de règne : « Nous organiserons sans tarder une prière funèbre sur sa dépouille mortelle », avait d’ailleurs laissé entendre Ely Ould Mohamed Ould Vall, l’ancien président putschiste-démocrate qui avait rendu le pouvoir avant de le rechercher par les urnes en 2008, où il fut battu par un certain Ould Abdel Aziz, un cousin à lui. Les péripéties de cette absence du président mauritanien reposent la problématique de la santé de nos dirigeants, un sujet tabou, nos présidents ne tombant jamais malade : qu’ils fassent 5, 10 ans ou un règne à vie, les bulletins de santé sont rares ; ce qui fait croire à certains que leurs dirigeants sont invulnérables, voire immortels.
Pour le cas d’espèce, Mohamed Abdel Aziz gouvernait de son lit parisien via son chef d’état-major, le général Gazaouia. Que dit la Constitution de la vacance de poste ? Car 40 jours, c’est tout de même long, et il aurait fallu qu’on applique l’esprit de ce qui est marbré dans la loi fondamentale.
En ce sens, les manifs de la COD ont leur raison d’être, car, à notre époque, on ne peut plus gouverner par procuration, perclus sur un lit d’hôpital.
Le miraculé de Twela semble avoir repris la main, et on espère qu’il est vraiment rétabli. Son absence est un cas d’école, et l’opposition doit exiger que désormais en cas de vacance du pouvoir, les textes républicains soient appliqués. Il est vrai que c’est un pouvoir putschiste, absous par les urnes mais tout de même élu. C’est en s’appuyant sur les lois que la COD doit amener Abdel Aziz à appliquer la Constitution. Confier la régence au chef d’état-major confirme toujours à une junte, qui ne dit pas son nom. Quel est le rôle du président de l’Assemblée nationale ? Que fait le Premier ministre dans ce cas ?
Pour le moment, Ould Abdel Aziz a gagné une bataille, il fait cesser toutes les rumeurs qui circulaient sur son état de santé, même si un épais mystère entoure toujours la réalité de sa blessure.
Il revient au pays ou de gros dossiers l’attendent : le dialogue avec l’opposition, la question négro-mauritanienne, les prochaines élections… De sa capacité à les gérer avec diligence et tact dépendra la situation de la Mauritanie dans le futur proche.