Nafi sait tout!
La femme de chambre guinéenne du Sofitel de New York va désormais pouvoir tourner la page, après la conclusion d’un accord entre ses avocats et ceux de DSK, l’ancien patron du FMI. C’est la fin d’un long feuilleton, qui laisse assez indifférent en Afrique.
Les avocats de Nafissatou Diallo et ceux de Dominique Strauss-Kahn se sont mis d’accord, le 10 décembre, sur un règlement financier dont le montant est resté confidentiel. Selon certaines sources, il est question de 6 millions de dollars (4,64 millions d’euros). Un pactole qui peut faire rêver, mais qui aura un goût amer pour l’immigrée guinéenne de 33 ans, femme de chambre au Sofitel de New York, victime le 14 mai 2011 d’une agression sexuelle sur laquelle DSK n’aura jamais à s’expliquer.
Une fellation forcée, selon Nafissatou Diallo, devenue la Guinéenne la plus connue de la planète, après le mannequin international Katoucha Niane. Une «relation non appropriée» mais consentante, selon l’ex-directeur du Fonds monétaire international (FMI).
Tout au long du procès, d’abord au pénal, Nafissatou Diallo a été traitée en coupable présumée, et non en victime présumée, se voyant confisquer ses téléphones, mise sur écoute, accusée d’un complot par la défense de DSK, à la suite d’une conversation en peul avec un Gambien emprisonné pour trafic de cannabis, mal traduite par les services du procureur Cyrus Vance.
Ensuite, elle s’est pris les pieds dans son propre tapis, des mensonges à répetition, sans beaucoup de bonnes âmes pour lui trouver des circonstances atténuantes.
Soupçonnée, en France, d’être un simple pion dans un vaste complot ourdi contre DSK, à l’époque présidentiable, Nafissatou Diallo a été disqualifiée par ses maladresses face à un procureur agressif: elle s’est embrouillée dans son récit des faits devant Cyrus Vance, qui jouait aussi sa carrière dans ce qui aurait pu être un retentissant procès au pénal – finalement abandonné le 23 août 2011.
Les témoignages de Nafissatou Diallo n’ont pas paru crédibles, parce qu’elle avait menti sur son passé, racontant avoir été victime d’un viol collectif en Guinée, une histoire imaginée pour mieux décrocher l’asile politique et sa carte verte aux Etats-Unis.
Ses quelques apparitions publiques, orchestrées, fin juillet 2011, par son avocat, n’ont pas non plus convaincu partout. Nafissatou Diallo est apparue peu naturelle, un peu coincée, dépassée par les évènements et répétant manifestement des phrases apprises par cœur, lors de séances d’entraînement avec son avocat.
Elle avait notamment déclaré: «Un jour ma fille m’a dit maman, s’il te plaît, promets moi que tu ne vas pas pleurer. Tu dois te rappeller que cet homme est puissant, tout le monde le sait, mais toi, seuls les gens qui travaillent avec toi, les voisins, te connaissent. Ces gens disent des bonnes choses sur toi, parce qu’ils te connaissent.»
Il y avait peut-être bien un fond de vérité dans ces propos. Mais qui y a vraiment prêté attention? Personne n’a fait de cadeau à Nafissatou Diallo.
Ni sa communauté, les Guinéens du Bronx, qui n’ont pas tari de commentaires perfides à son encontre. Ni les commentateurs africains, certains doutant de sa bonne foi, dès le départ et se distinguant en la traitant les premiers de menteuse ou d’avoir trouvé le «bon filon pour se faire des dollars». Ni les édiorialistes français, qui ont parfois évoqué le «troussage de domestique» (VIDEO).
Son avocat Kenneth Thompson, un ancien procureur noir, en jouant la fibre de la solidarité noire, a irrité en France pour son «communautarisme», mais cependant assuré un certain niveau de sympathie à l’égard de Nafissatou Diallo aux Etats-Unis.
Aujourd’hui, c’est à elle de disposer de son argent comme elle l’entend, et de reconstruire sa vie à l’abri des profiteurs, des mauvaises langues et des médias. En Afrique, la petite bonne est déjà retombée aux oubliettes de l’histoire. Le dénouement de l’affaire ne passionne guère…
«L’affaire dite du Sofitel a brisé un tabou sur le comportement sexuel de Strauss-Kahn et plusieurs femmes ont porté plainte contre lui pour viols ou harcèlement sexuel », note sobrement le site Guinée News.
Sur d’autres sites et dans bien des journaux africains, pas une ligne sur l’épilogue de l’affaire DSK.
La femme de chambre guinéenne qui aura fait tomber le présidentiable français va pouvoir tourner la page. L’homme politique, de son côté, est encore empêtré, en France, dans d’autres procédures judiciaires…
Mais ce n’est plus le problème de Nafissatou Diallo, pas plus que celui de ses avocats, qu’elle va devoir payer, ou encore de sa fille, une lycéenne de 16 ans qu’elle continue à élever seule à New York.