Ham-adi…eu!
Hamadi Jebali, le Premier ministre tunisien, a remis mardi 19 février sa lettre de démission au président Moncef Marzouki. Une démission qu’il évoquait déjà depuis plusieurs jours. Hamadi Jebali avait annoncé, lundi soir, son échec à mettre en place un gouvernement de technocrates comme il le souhaitait, depuis le décès, il y a 10 jours de l’opposant Chokri Belaïd.
Hamadi Jebali se devait de présenter sa démission pour être cohérent avec lui-même, quitte éventuellement à être reconduit dans ses fonctions pour un nouveau projet gouvernemental. C’est ce que précisait lundi soir le conseiller communication du Premier ministre. C’est sa crédibilité qui est en jeu, car il s’était engagé personnellement pour un projet bien défini, précise Ridha Kazdaghli.
Démissionner, c’était sa seule façon de rester dans l’histoire, confie également de son côté un opposant tunisien qui soutenait la proposition du Premier ministre.
Après l’onde de choc qui a suivi l’assassinat de Chokri Belaïd, Hamadi Jebali a fait preuve de lucidité, de réalisme. Il a su à ce moment-là rallier à sa cause de nombreux partis et acteurs de la société civile, explique un bon connaisseur du parti islamiste. Mais en proposant d’évincer les politiques du gouvernement, ajoute l’interlocuteur, Hamadi Jebali a reconnu de fait aussi l’incapacité de son parti à mettre fin au désordre sécuritaire et politique.
Un aveu jamais accepté par l’aile dure du parti, incarnée par le patron Rached Ghanouchi. La machine toute puissante d’Ennahda a prouvé qu’elle n’était pas prête à céder le pouvoir, à quelques mois des prochaines élections, estime un journaliste. Il fallait donc s’attendre à ce que Jebali soit mis en minorité. Et qu’il démissionne, même si ce n’est que pour la forme.