Rebellion dans la rebellion?
L’heure du reniement semble arriver au sein du mouvement rebelle du M23. Jean-Marie Runiga, chef politique, et le Général Sultani Makenga, chef militaire, ne sont plus désormais en odeur de sainteté.
Le dimanche 24 février dernier, pendant que les regards étaient rivés sur Addis-Abeba, pour la signature de l’Accord-cadre, sous l’égide des Nations Unies afin de restaurer la paix dans la partie Est du pays, partant dans la région des Grands Lacs, a Rutshuru, les deux amis et ennemis du peuple congolais se rentraient dedans avec leurs Kalachnikovs.
Difficile de savoir ce qu’il y a au coeur de leur rixe. Seulement, l’on ose croire que l’approche à considérer face à la donne actuelle, peut-être pris pour fil d’Ariane.
Non sans raison. Plusieurs analyses n’écartent pas l’idée que du côté Runiga, l’on accuse le général Makenga de rouler pour Kinshasa, pour ses prédispositions d’accepter l’intégration.
L’on soutient même qu’il caresse le rêve d’obtenir un poste dans l’armée. Par contre, les partisans de Makenga reprochent Runiga de manquer de leadership dans la conduite du mouvement.
Hormis les morts et autres blessés, il y a cette lancinante question de savoir s’il ne s’agit pas là d’une manoeuvre de diversion. C’est possible. La méthode d’agir caméléonienne qui a caractérisé ce mouvement depuis, donne d’affirmer sans ambages que ça peut relever d’une ruse.
C’est pour mettre en mal le Gouvernement, qui devra se casser pour convaincre la bicéphalie qui s’est créée. Mais, s’il y a une volonté affichée de ramer pour la paix de la part de Makenga, le camp de Runiga ne peut que rougir. C’est parce que son protecteur, Bosco Ntangada se voit, au travers de cette initiative, entrer droit dans l’oeil du cyclone.
Mais aussi, sa branche se vider de toute sa substance belliqueuse. Encore que la brigade d’intervention pour imposer la paix ne relève plus d’une chimère. Elle va se constituer et sa mission bien précise l’obligerait. Mais, attention !
On ne vend pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Kinshasa doit être prudent et veiller à renforcer davantage ses moyens de pression diplomatique, mais aussi interne, par la tenue du dialogue national, afin de briser par un coup de massue le rêve de ce mouvement.
D’ailleurs, à l’heure qu’il est, et face à ce schisme, la tendance pour la branche qui va s’obstiner, sera de donner des coups à l’emporte pièces et donc, imprécis, partant inefficaces.
Pour le reste, la scissiparité, la schizogamie ou la fragmentation comme méthode d’approche, s’il s’avère être mise en place, ne produira rien face à la nouvelle donne.