Justice sans préjudice!
C’est une audition sans doute sans précédent en Tunisie. Le président Moncef Marzouki est entendu par la justice comme témoin dans l’affaire du meurtre de Chokri Belaïd.
L’opposant laïc avait été abattu le 6 février dernier,alors qu’il sortait de son domicile à Tunis. Les proches de Chokri Belaïd incriminent le pouvoir en place, disant que rien n’avait été fait pour le protéger alors qu’il était au courant de menaces qui pesaient sur lui.
Pour le moment, ni la présidence ni le ministère de la Justice n’ont encore officiellement expliqué pourquoi le président Moncef Marzouki a été entendu à titre de témoin, jeudi 28 février, par le juge qui a instruit cette affaire de l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd.
Pour autant, à plusieurs reprises, les proches de Chokri Belaïd ont évoqué des informations que pourrait détenir, selon eux, le président. Selon le frère du défunt, Moncef Marzouki pourrait même connaître le nom des commanditaires de l’assassinat.
D’après Abdelmajid Belaïd, avant de mourir, son frère Chokri lui aurait fait part de messages reçus par la présidence, faisant état de menaces de mort à son encontre. La présidence lui aurait même proposé une sécurité rapprochée que Chokri Belaïd aurait refusée. Ces informations avaient été démenties par le porte-parole de la présidence, mais le juge a peut-être souhaité entendre le président Marzouki à ce sujet.
Concernant l’enquête, 4 suspects ont été arrêtés. Un cinquième, présenté comme le tueur présumé, est toujours en fuite. Tous sont présentés par le ministère de l’Intérieur comme appartenant à la mouvance salafiste. Mais c’est vrai que cette thèse ne convainc pas la famille Belaïd, qui continue de juger responsable, au moins politiquement, la majorité islamiste dans cette affaire.