Au M23 on ne… «s’M» plus?
Le contrôle de la base logistique de Rumangabo est au centre de violents combats qui ont opposé les deux ailes du M23. Ces affrontements surviennent au moment où les pourparlers devraient reprendre à Kampala et aboutir, le 15 mars 2013, à la signature entre Kinshasa et ce groupe armé devenu un monstre à deux têtes. Mauvais présage sur les perspectives d’un retour rapide et effectif de la paix dans l’Est du pays en rapport avec les pourparlers de Kampala.
Des combats font rage dans les territoires actuellement sous contrôle du le M23. Apparemment, plus rien ne pourrait rapprocher les deux ailes du M23 pilotées, l’une par le duo Bertrand Bisimwa – Sultani Makenga et l’autre par le tandem Jean-Marie Runiga – Bosco Ntaganda.
Le M23 traverse visiblement une zone de fortes turbulences. Des amis d’hier sont pratiquement devenus des ennemis jurés. Les ailes ne seraient pas d’accord sur un rapprochement avec Kinshasa. Sultani Makenga et Bertrand Bisimwa y seraient favorables tandis que Jean-Marie Runiga et Bosco Ntaganda se cabreraient. La dislocation est intervenue le 27 février dernier, date à laquelle l’on a enregistré les premiers accrochages. Depuis une lutte acharnée s’est ouverte entre les deux ailes et vise l’appropriation du leadership du groupe armé devenu un monstre à deux têtes.
Il est vrai que chacun de ces leaders chercherait à consolider sa position pour se présenter en interlocuteur valable face à la délégation dépêchée par Kinshasa dans la capitale ougandaise (Kampala). Ces dissensions ne sont pas de nature à favoriser les pourparlers qui se tiennent depuis plus deux mois dans la capitale ougandaise entre le gouvernement et le M23 en vue d’un retour imminent de la paix dans l’Est de la RDC.
Si, comme le confirment plusieurs sources, Kinshasa serait prêt à signer avec l’aile Makenga, ce serait un accord difficile d’être qualifié d’accord de paix. Ce sera une paix sur papier et pourrait ressembler à celui de Goma (23 mars 2009) en ceci qu’il va porter les germes de reprise et poursuite des conflits armés. Victime, la population sera toujours vouée à l’errance, à défaut de tomber sous les balles des hommes en armes.
Aller signer à Kampala tant que la question de leadership au sein du M23 ne sera pas réglée serait un mauvais présage pour le dénouement des pourparlers de Kampala, soutiennent des observateurs qui en font un préalable. Raison pour laquelle, ils appellent Kinshasa et toutes les capitales concernées ou impliquées directement dans ce conflit en RDC d’avoir une approche plus réaliste et qui redonne de l’espoir à toutes ces populations congolaises martyrisées des décennies durant.
«Le camp militaire de Rumangabo est encore sous le contrôle des officiers qui ont choisi de rallier l’aile de Makenga», confirment des sources administratives locales. C’est là que se trouverait le gros de la réserve d’armes et munitions dont disposerait actuellement la rébellion du M23.
