Africhine!
Le nouveau président chinois Xi Jinping a entamé, dimanche 24 mars, une tournée africaine qui le conduira en Tanzanie, en Afrique du Sud et en République démocratique du Congo.
Première visite officielle du dirigeant chinois depuis sa nomination, cette offensive diplomatique suscite des interrogations en rapport avec les raisons, et surtout ce que l’Afrique gagnera de cette visite qui est loin d’être une simple visite de courtoisie. Quand on sait que le président chinois a lui-même demandé à ses compatriotes de poursuivre ce qu’il a appelé «la grande renaissance de la nation chinoise et du rêve chinois», on imagine aisément la couleur mercantiliste qu’il donne à ces relations internationales.
L’Afrique apparaît en effet comme un partenaire privilégié dans cette quête au regard de toute la richesse dont elle dispose. Le manioc et le maïs tanzaniens, le rang de l’Afrique du Sud en Afrique considérée comme le moteur de la stabilité de cette partie du monde, le chef de Pékin, certainement en plus de sa chanteuse d’épouse, a bien des choses dans son sac pour l’Afrique en contrepartie. Il vient pour signer des contrats.
Pékin, on le sait, recherche des partenariats, non seulement pour la concurrence face à l’Occident, mais est aussi à la recherche d’un réservoir de matières premières pour soutenir son effort de développement ; surtout que cette nation qui a connu la plus forte croissance l’an passé n’est pas très bien dotée en ressources naturelles.
Seulement, il faudrait que la contrepartie soit l’égale mesure de ce que Xi Jinping emportera dans son baluchon. Il faut que ce partenariat soit gagnant-gagnant. Il est vrai que la Chine populaire séduit, parce qu’elle ne pose pas trop de questions avant de financer, mais quand on sait que lorsqu’elle doit réaliser des travaux dans un pays, tout vient de la Chine, jusqu’aux ouvriers, l’on se demande ce que l’Afrique gagnera concrètement de ce voyage.
La Chine qui semblait avoir renoncé à ses velléités de première puissance mondiale, donne là un signal fort par la visite africaine de son président. Donc, en réalité, les Chinois n’ont pas renoncé, et mieux ils donnent l’impression de chercher à investir dans les pays pour, en retour, les rendre redevables. Impératif hypothétique.
Cependant, il y a que la Chine reconnaît la place de l’Afrique. C’est quand même le continent noir qui lui a offert sa place aux Nations Unies et apparaît encore comme un socle sur lequel peut reposer l’élan de développement de la Chine et constituer un bras pour la concurrence chinoise avec les Occidentaux. C’est dire donc que l’Afrique a de bonnes cartes en main. Si elle devait bien les utiliser, elle serait au-dessus dans les négociations. Cela arrangerait énormément ces pays qui, en général, bradent leurs richesses, les laissent piller par des coopérants à travers des services de coopération «unilatérale».
L’Afrique est une force, seulement elle ne semble pas en avoir conscience. Elle souffre d’un complexe d’infériorité et les autres en profitent. Si seulement Sékou Touré, Kwamé Nkrumah, Thomas Sankara et bien d’autres pouvaient renaître en nos dirigeants africains. Du courage, ils en auraient…