Dédiouf sur le « Moh »…bile!
Moh Dediouf prévoit de sortir en mai prochain « Un sourire pour la vie« , son nouvel album qui devrait contribuer à mettre en pratique une option consistant à vendre des titres musicaux aux mélomanes par le biais de la téléphonie mobile.
L’artiste a expliqué avoir retenu de recourir à une telle stratégie dans le cadre d’une réflexion globale visant à terme à apporter des solutions à la « désorganisation » du secteur musical dont les maux ne peuvent être seulement imputés aux conséquences de la piraterie.
La stratégie annoncée va consister d’abord à offrir au public « A Dakar », un titre du nouvel album téléchargeable gratuitement à travers un lien. Ce titre gratuitement offert devrait amener les mélomanes à se reporter sur d’autres titres de son prochain album qui sera disponible sur CD et en même vendu par le mobile titre par titre, a t-il expliqué.
Selon Moh Dediouf, les artistes qui peinent à vivre décemment du fruit de leurs œuvres peuvent de cette manière s’inspirer de stratégies qui ont fait leurs preuves ailleurs, dans le monde, sachant que pour la première fois, les téléchargements légaux ont dépassé les ventes de CD à l’échelle internationale.
« Notre survie en tant qu’artiste va passer par tout ce qui est nouvelles technologies. L’avenir de la musique sénégalaise se trouve dans l’industrie de la téléphonie« , a soutenu Dediouf, auteur, compositeur et interprète, se disant soucieux de contribuer à faire en sorte que les artistes puissent vivre de leur art.
L’artiste dit se fonder sur les résultats de certaines études qui laissent penser que la pénétration de la téléphonie mobile sur le continent africain va continuer, au-delà des 500 millions d’abonnés en 2012 (contre 16 millions en 2000).
Avec un taux de pénétration supérieur à 40%, l’Afrique devient un poids lourd dans ce domaine, selon certaines études, faisant valoir que dans certains pays, le taux d’abonnement dépasse les 100 %. Ce qui fait que, compte tenu des taux de croissance actuels, on devrait compter 600 millions d’abonnés en 2016.
Or, a-t-il souligné, l’industrie musicale procède d’une réalité qui « n’existe pas » encore réellement au Sénégal, à cause notamment de la piraterie et de la « désorganisation » du secteur. Cela fait que des chaînes de télévision, par exemple, peuvent utiliser des produits de musiciens sans autorisation préalable de leurs auteurs, sans respect pour les exigences du droit d’auteur.
Selon l’artiste, la même « désorganisation » est de mise également dans l’industrie touristique, intrinsèquement liée au secteur de la musique. « Il n’y a aujourd’hui aucune vidéo disponible pour vendre la destination Sénégal. Or, les artistes doivent servir comme produits touristiques. Si ce n’est pas le cas, ça devrait l’être. A part les concerts, il n’y a pas de source de revenus pour les artistes. On ne peut pas compter sur des ventes d’albums qui n’existent pas », a dit le musicien, suggérant par ailleurs un partenariat avec les médias « pour faire marcher la chose musicale. On ne peut pas attendre. Il y a des acteurs qui sont là avec lesquels nous sommes obligés de travailler », a encore souligné Moh Dediouf, assurant que les médias ont intérêt à ce que le secteur de la musique se développe, au même titre que les artistes.
Moh Dediouf, 39 ans, fait partie d’une nouvelle vague d’artistes sénégalais qui s’imposent de plus en plus à l’étranger, contribuant ainsi à écrire de nouvelles pages de la pop sénégalaise. Il symbolise avec d’autres ce renouveau sénégalais avec lequel il faut compter.
Des quartiers de Dakar à son arrivée en Europe, Moh Dediouf a su s’imprégner de multiples influences pour mieux les assimiler à ses racines africaines.
Dès son premier album autoproduit (2007), il a été primé dans la catégorie World Music lors de l’International Songwriting Competition, avec sa chanson Adouna, parmi plus de quinze mille titres et cent pays représentés.
Grâce à son titre « Africaaa », l’artiste sénégalais avait été sélectionné pour faire partie de la compilation musicale de la Coupe du monde 2010 (11 juin-11 juillet), en Afrique du Sud.
Dediouf a été choisi comme parrain du « Festival tambour Battant », qui a pris fin en décembre dernier à Genève, en Suisse. Il avait auparavant remporté, en 2011, le premier prix (catégorie votants) de l’Afrotainment Music Awards, à New York, aux Etats-Unis.