Joyeuse Pâques!
Le pape François, qui suscite toujours un élan d’enthousiasme parmi catholiques et non catholiques, a célébré sur la place Saint-Pierre sa première messe de Pâques, avant d’accorder sa bénédiction urbi et orbi (à la ville et au monde) en une soixantaine de langues.
Quelque 200.000 fidèles étaient massés sur la place et sur la via della Conciliazione, quand le pape argentin est sorti du Vatican pour rejoindre à pied l’autel tout proche, vêtu d’une chasuble blanche et tenant une croix en or.
L’autel était entouré de parterres de fleurs aux vives dominantes jaunes venues de Hollande, symboles joyeux du printemps et de la résurrection de Jésus.
La messe de Pâques, retransmise par les télévisions, est la plus grande fête pour plus de 2 milliards de chrétiens de toutes confessions. Les chrétiens orthodoxes fêteront Pâques le 5 mai.
Durant la bénédiction de Jorge Bergoglio, particulièrement attendue, il a lancé des appels pour différentes crises dans le monde, comme les conflits en Syrie ou au Mali.
Il avait adressé samedi soir lors de la veillée pascale dans la basilique un appel chaleureux aux incrédules «loin de Dieu», en leur demandant de «s’interroger», de «faire un pas», d’«accepter de risquer», employant à dessein le tutoiement.
«Si jusqu’à présent tu as été loin de lui, avait exhorté le premier pape jésuite et du continent américain, fais un petit pas: il t’accueillera à bras ouverts. Si tu es indifférent, accepte de risquer : tu ne seras pas déçu. S’il te semble difficile de le suivre, n’aie pas peur, fais-lui confiance (…), il t’est proche, il te donnera la paix que tu cherches». Il avait adopté comme toujours depuis son élection le 13 mars un langage simple et direct.
Le pape, qui veut continuer à porter l’évangélisation dans l’Occident sécularisé comme au bout du monde, jusque «dans les périphéries existentielles» de la violence et de la souffrance, avait exhorté aussi à ne pas avoir peur «des surprises de Dieu. Ne perdons pas confiance, ne nous résignons jamais: il n’y a pas de situations que Dieu ne puisse changer, il n’y a aucun péché qu’il ne puisse pardonner si nous nous ouvrons à lui», avait-il dit, mettant l’accent sur la miséricorde, qui, a-t-il confié, est l’aspect qui le frappe le plus du message chrétien.
Auparavant, Jorge Bergoglio, 76 ans, avait salué le rôle d’icône que joue le Saint-Suaire de Turin, dans un message vidéo à l’occasion de son «ostension » exceptionnelle d’une trentaine de minutes en mondiovision.
C’était la première ostension depuis 1973 du tissu de lin à l’authenticité discutée, qui aurait enveloppé le corps crucifié du Christ. Et le pape argentin montrait ainsi son respect d’une forme de dévotion populaire.
Le visage du suaire communique «une grande paix, une énergie contenue mais puissante», avait-il observé.
Il avait comparé le «visage défiguré» du Christ, imprimé sur le linceul, à ceux de «tant d’hommes et femmes blessés par une vie non respectueuse de leur dignité».
François avait repris une prière de Saint-François d’Assise, dont il a choisi le nom: «Je fais mienne la prière de saint François d’Assise: Dieu très-haut et glorieux, viens éclairer les ténèbres de mon coeur ; donne-moi une foi droite, une espérance solide et une parfaite charité».
Une nouvelle fois, le pape insistait avec humilité sur son état de pécheur à l’égal de tous les hommes, en évoquant les «ténèbres de son coeur».
Le pape émérite Benoît XVI a célébré Pâques dans le silence du palais pontifical de Castel Gandolfo, près de Rome, et s’associer à la prière de son successeur.
Pâques est célébré de la Terre Sainte à l’Irak et au Nigeria jusqu’aux Philippines et en Amérique Latine, parfois dans des conditions difficiles de menaces islamistes et de violences.
La nouvelle évangélisation «doit repartir de Jérusalem», a exhorté le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twad, dans son homélie au Saint-Sépulcre, lieu de la résurrection du Christ selon la tradition, en invitant François à venir en Terre sainte.
«Le Seigneur nous invite ici à porter la lumière de la foi au milieu du Proche-Orient, là où le christianisme est né, là où naît tout chrétien», a déclaré Mgr Twal, plus haute autorité catholique romaine en Terre sainte.
«En tant que chrétien», le président Barack Obama a présenté samedi ses voeux pour Pâques et la Pâque juive à des millions d’Américains, les pressant de réfléchir sur les valeurs communes du pays.