Le pape François, acclamé avec ferveur dimanche pour sa première messe de Pâques, a adressé un message à la fois d’espérance dans «la miséricorde» de Dieu et de condamnation vigoureuse des guerres, des prises d’otages et de la traite des personnes.
Aux 250.000 fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre, François a donné, comme il est de coutume, sa bénédiction «Urbi et orbi» («à la ville et au monde»). Le Vatican avait annoncé que le pape devait prononcer quelques mots en 65 langues, du mongol au maori en passant par l’araméen et l’espéranto, mais François y a renoncé au dernier moment, se contentant de souhaiter bonnes Pâques en italien.
Le premier pape originaire du Nouveau monde, élu le 13 mars à l’âge de 76 ans, a évoqué, pour la première fois, les conflits et les violences dans la «bien-aimée Syrie», mais aussi les tensions persistantes entre Israéliens et Palestiniens sur la terre du Christ qui «n’ont que trop duré», et celles dans la péninsule coréenne et en Afrique.
Sur la Syrie, le pape a parlé des «réfugiés qui attendent aide et consolation», et préconisé comme son prédécesseur Benoît XVI que «l’on trouve une solution politique à la crise».
L’accent sur les prises d’«enfants» en otages par des groupes islamistes armés au Nigeria concernait aussi la France, dont une famille avec quatre enfants de cinq à 12 ans est aux mains d’un groupe affirmant appartenir au mouvement Boko Haram.
Au cours de cet exercice effectué de la loggia de la basilique Saint-Pierre et qui ne différait pas dans sa substance de ceux de Benoît XVI, François a lancé un appel particulièrement appuyé à lutter contre «la traite des personnes», qu’il a considérée comme «l’esclavage le plus répandu» de ce début de XXIe siècle.
Il a aussi dénoncé «l’égoïsme qui menace la vie humaine et la famille», dans une allusion à la crise actuelle de la famille traditionnelle.
L’ancien cardinal de Buenos Aires «n’a pas cité une seule fois son continent d’origine, faisant seulement allusion à «la violence liée au trafic de drogue».
A la fin, il a remercié les producteurs néerlandais ayant livré les 40.000 fleurs aux vives dominantes jaunes qui habillaient les parterres autour de l’autel, donnant une note pimpante à la cérémonie.
Auparavant, le pape argentin avait souligné la «grande joie» qu’apporte selon lui la Résurrection de Jésus au monde : «je voudrais qu’elle arrive dans chaque maison, dans chaque famille, spécialement là où il y a plus de souffrance… dans les hôpitaux, dans les prisons. Jésus est ressuscité, c’est une espérance pour toi. L’amour a vaincu, la miséricorde a vaincu», a-t-il dit, s’adressant familièrement en le tutoyant à chaque chrétien, à chaque homme l’écoutant à travers les moyens de communications.
«Que de déserts aujourd’hui encore l’être humain doit traverser quand manque la conscience d’être gardien de tout ce que le Créateur nous a donné et nous donne», a-t-il cependant déploré.
«Mais la miséricorde de Dieu peut faire fleurir aussi la terre la plus aride, peut redonner vie aux ossements desséchés», a-t-il aussitôt martelé, invitant les hommes à être «instruments de la miséricorde», «les canaux à travers lesquels Dieu puisse irriguer la terre».
La présence de Jésus est capable de «transformer la vengeance en pardon, la guerre en paix» dans le coeur des hommes, a-t-il encore dit, dans ce message pascal, plus bref qu’à l’époque de Benoît XVI.
Samedi soir, à l’occasion de la veillée solennelle dans la basilique Saint-Pierre, le pape, qui entend porter l’évangélisation jusque «dans les périphéries existentielles», avait déjà adressé un appel aux hommes «loin de Dieu», en leur demandant de «s’interroger», de «faire un pas», d’«accepter de risquer», employant à dessein le tutoiement.
Au milieu d’acclamations et d’une forêt de drapeaux, François a pris dimanche un long bain de foule en papamobile découverte. Très simple et à l’aise, il a de nouveau serré dans ses bras un jeune handicapé et embrassé des enfants que lui tendaient leurs parents.
Il a aussi salué les cardinaux présents un à un, amicalement.
Au même moment, le pape émérite Benoît XVI a célébré Pâques dans le silence du palais pontifical de Castel Gandolfo, près de Rome, et s’est associé à la prière de son successeur. Son nom n’a pas été prononcé pendant la cérémonie. François l’avait longuement appelé jeudi dernier.
Pâques est célébré de la Terre Sainte, de l’Irak et du Nigeria jusqu’aux Philippines et en Amérique Latine, parfois dans des conditions difficiles de menaces islamistes et de violences.
La nouvelle évangélisation «doit repartir de Jérusalem», a exhorté le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twad, dans son homélie au Saint-Sépulcre, invitant François à venir en Terre sainte.
A Bagdad, les 28 églises ont célébré Pâques, priant, sans trop y croire, pour que le pape, un homme «simple et bon», se rende en Irak.
A Washington, le président Barack Obama avait présenté samedi ses voeux pour Pâques à des millions d’Américains, les pressant de réfléchir sur les valeurs communes des Etats-Unis et le sens du message de Jésus.