Il a fallu que la FIFA y… « foote » son bec?
Menacé de suspension de toutes compétitions par la FIFA, le football camerounais s’est offert un répit dans le conflit opposant le ministère des sports à la FECAFOOT (Fédération Camerounais de de Football). Les élections dans les ligues régionales, que le ministre Adoum Garoua voulait arrêter, pourront donc aller à terme. Mais le président de la Fecafoot, Iya Mohammed, reste sous pression.
C’est une de ces affaires dont le football camerounais a le secret. A défaut de briller sur les pelouses, les Lions indomptables, absents des deux dernières Coupes d’Afrique des nations, se déchirent dans des luttes fratricides au sein des instances sportives. La dernière en date, opposant le ministre des Sports et de l’Education physique, Adoum Garoua, au président de la FECAFOOT, Iya Mohammed, s’est soldée -provisoirement- par un succès de ce dernier.
Président de la Fédération camerounaise de football depuis 14 ans, Iya Mohammed, qui rêve d’un nouveau mandat aux élections prévues le 25 mai, est contesté à la fois par le gouvernement et par plusieurs joueurs et anciens joueurs de renom. Mais c’est son activité de Directeur général de la Société de développement du coton (Sodecoton) qui lui vaut ses plus gros ennuis actuels.
En poste depuis une trentaine d’années, Iya Mohammed est en effet accusé d’avoir commis vingt fautes de gestion qui ont causé un préjudice de l’ordre de 9 milliards CFA (14 millions d’euros) à la Sodecoton. Mis en cause dans cette affaire par le Conseil de discipline budgétaire et financière (Consupe), Iya Mohammed a été condamné le 26 mars à payer une amende de 2 millions CFA (3 millions euros) et surtout à une interdiction d’exercer des responsabilités dans la gestion ou l’administration de services publics ou d’entreprises d’Etat pour une durée de 7 ans.
En attendant que le conseil d’administration de la Sodecoton statue sur son avenir, Iya Mohammed, qui rejette la responsabilité des fautes de gestion aux directeurs en charge des secteurs concernés, continue à vaquer à ses fonctions de directeur général. Mais le 2 avril dernier, au moment d’embarquer dans un vol vers Paris, il s’est vu retirer son passeport et a été empêché de partir.
Entretemps, le ministre des Sports et d’Education physique lui avait demandé, le 25 mars, de suspendre le processus électoral au sein des ligues régionales, étape préalable aux élections à la tête de la Fecafoot.
Une demande à laquelle cette dernière n’a pas obtempéré, dénonçant cette demande comme une intrusion contraire aux statuts de la FIFA qui garantissent l’indépendance des fédérations du pouvoir politique. La réponse de la Fédération internationale n’a pas tardé, son secrétaire général Jérôme Valcke ayant fait savoir au gouvernement camerounais qu’il risquait une suspension de toutes les compétitions de football.
Pour contourner la menace, le gouvernement camerounais a tenté de s’appuyer sur quelques alliés au sein de la FECAFOOT. Plusieurs de ses haut responsables, notamment quatre vice-présidents (John Begheni Ndeh, David Mayebi, Antoine Essomba Eyenga, Pierre Semengue) ont lâché le président Iya Mohammed, lundi 8 avril. Dans une lettre adressée au secrétaire général de la FIFA, ils soutenaient la demande du ministre Adoum Garoua, dénonçant des irrégularités dans la tenue du processus électoral engagé par la Fecafoot.
Une démarche trop tardive. Pressé par l’ultimatum de la FIFA, qui expirait le mardi 9 avril, le ministre des Sports, Adoum Garoua lâchait prise. Dans une lettre au président de la Fécafoot, Iya Mohammed, il ordonait la poursuite du processus électoral dans les régions. Un revirement douloureux, imposé par la crainte de voir les Lions indomptables, actuels leaders du groupe I des éliminatoires de la Coupe du monde 2014, exclus de cette compétition.
Cette victoire d’Iya Mohammed pourrait cependant se révéler de courte durée, puisque ses ennuis à la tête de la Sodecoton risquent de l’empêcher de briguer un nouveau mandat à la tête de la FECAFOOT, le dépot des candidatures étant fixé au 30 avril. Mais d’ici là, bien d’autres coups de théâtre devraient venir enrichir ce dossier.