Que cache le cachot?
Le procureur spécial Alioune Ndao, totalement muet depuis le mois de novembre, a tenu une conférence de presse très attendue, mardi 16 avril. Il a déclaré avoir ordonné l’arrestation de Karim Wade pour enrichissement illicite présumé, car il n’a pas été «convaincu de la pertinence» de ses réponses sur l’origine de sa fortune.
Arrêté lundi après-midi à Dakar, Karim Wade peut être maintenu en garde à vue jusqu’à vendredi, le délai maximum étant de 96 heures.
«On nous reproche d’être allés trop vite en besogne, c’est le moment de rétablir la vérité», a lancé Alioune Ndao. Le procureur spécial affirme avoir reçu un dossier de 42 pages et non pas de 3 000 pages, comme l’ont annoncé les avocats de Karim Wade, le reste étant des documents en annexe.
Ce dossier, il lui a fallu 2 heures pour le lire, dit-il, avant de décider du placement en garde à vue du fils de l’ancien président.
Le procureur spécial a annoncé que, dès mercredi, la commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite serait saisie. Alioune Ndao écarte implicitement toute idée de transférer le dossier à la Haute Cour de justice. Ce sera donc aux juges d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) de prendre le relais, et de décider de l’éventuel placement sous mandat de dépôt de Karim Wade.
Antoine Dione, le substitut du procureur, a par ailleurs précisé qu’«une véritable ingénierie financière avait été mise à nu, reposant sur un système de prête-nom et de montages complexes via des sociétés off-shore au Panama, dans les îles vierges britanniques et au Luxembourg».
De leur côté, les avocats de Karim Wade expliquent qu’ils ont la preuve, documents à l’appui, que toutes les sociétés citées par l’accusation et qui représentent plus de 90 % de ce qui est imputé à Karim Wade, n’appartiennent pas au fils de l’ancien président. Pour eux, «tout cela va faire pschitt et la montagne accouchera d’une souris».