A moi ta terre… et toi parterre?
De faibles rendements, des terres inexploitées: le potentiel agricole en Afrique est insoupçonné. Les experts réunis à Francfort pour « l’Africa Business Week » ont lancé des initiatives dans ce domaine.
Mais ces investissements pourront-ils aider les producteurs locaux? Et quelles seront les conséquences du développement d’une agriculture intensive sur l’environnement?
Pour son premier projet, Carl Heinrich Bruhn, cet entrepreneur allemand a loué 30 000 hectares de terres en Zambie. Il compte bien y développer une agriculture à haut rendement. Faute d’argent pour investir, les propriétaires des terres lui ont confié leur bien. Mais le chef d’entreprise l’affirme, il n’est pas un accapareur de terres. Il veut que les agriculteurs locaux aient désormais accès aux engrais et aux insecticides pour augmenter leurs rendements, Carl Heinrich Bruhn :
«En construisant une ferme centrale, nous pouvons justement écouler les produits. Les petits exploitants pourront démarrer leurs propres cycles de production. Puis la deuxième étape c’est de permettre aux agriculteurs d’accéder aux marchés, pour cela nous achetont l’ensemble de leurs produits et nous les acheminont vers la capitale avec nos moyens logistiques. Là-bas, nous pouvons y vendre leurs produits».
60% des terres agricoles non utilisées se trouvent en Afrique. Le marché est donc en plein boom. Mais les organisations de défense de l’environnement ne voient pas toujours d’un bon œil cet engouement pour les sols africains.
Même si elle admet qu’il faut augmenter la production alimentaire sur le continent, Birgit Wilhelm, du Fond Mondial pour la Nature, émet quelques réserves:
«Les gens disent que les sols sont pauvres, qu’ils ont besoin de substances nutritives et qu’il faut donc mettre de l’engrais. Mais ils disent cela sans tenir compte de l’écosystème propre à chaque site. Ça, c’est un travail de longue haleine. Lorsque l’on veut investir dans la terre, il faut investir à long terme, sur une période d’au moins 10 ans ».
A la fin du mois, l’entreprise de Carl Heinrich Bruhn récoltera du soja. Puis sémera du blé sur les sols zambiens. L’ensemble de la production sera destiné au marché intérieur et non pas à l’exportation.