Frontière d’hier!
Confiance et volonté: voilà les deux maîtres mots qui inspirent les dirigeants des deux pays et les acteurs de la commission mixte des Nations Unies chargée de la mise en œuvre de l’arrêt de la Cour Internationale de Justice du 10 octobre 2002 relatif au différend frontalier terrestre et maritime entre le Cameroun et le Nigeria.
Comme un leitmotiv, ces deux mots sont revenus dans les trois discours prononcés à l’ouverture de la 31e session de la commission mixte à Yaoundé, devant un parterre de membres du gouvernement, du corps diplomatique, des délégations nigériane, onusienne et camerounaise, ainsi que de la presse.
Le premier à prendre la parole et à mettre l’accent sur ces mots exprimant l’état d’esprit général est le chef de la délégation camerounaise, Amadou Ali, par ailleurs, vice-Premier ministre, ministre délégué à la présidence chargé des Relations avec les assemblées. Après avoir souhaité la bienvenue à toutes les personnalités présentes dans la salle, il a donné de significatives indications sur le «bilan appréciable» , en 11 années de fonctionnement, dont la commission mixte «peut s’honorer».
Les experts du Cameroun et du Nigeria, avec l’appui des Nations unies, se sont accordés à ce jour, s’agissant des emplacements des bornes frontières, sur une distance de 1913 km au regard des 2000 km de l’ensemble de la frontière Cameroun-Nigeria, soit 95% d’évaluation.
Ce résultat a été obtenu grâce à la confiance et à la volonté ferme entre les deux pays. Il en faudra encore davantage pour venir à bout des enjeux majeurs cités par Amadou Ali: l’évaluation des zones de désaccord et des zones sautées dont la distance cumulée est de 81 km; la poursuite des opérations de construction et de pose de quelque 500 bornes-frontières restantes; la confection de la carte finale de la frontière démarquée et l’adoption du procès-verbal de démarcation.
D’où l’importance de la présente session. Par ailleurs, la mise en œuvre des mesures de confiance doit permettre à la commission mixte de jouer un rôle important de consolidation de la paix entre le Cameroun et le Nigeria. Voilà comment, depuis 2011, le Nigeria est devenu le premier partenaire commercial du Cameroun.
Evoquant les problèmes de sécurité transfrontalière, il a convoqué l’accord de coopération en la matière, pour souhaiter qu’avec l’appui de la coopération internationale, des solutions appropriées soient recherchées afin de faire face aux menaces sur la paix que représentent la piraterie maritime, les enlèvements et autres coups de main le long de la frontière commune.
Le chef de la délégation nigériane, Mohammed Bello Adoke, ministre fédéral de la Justice, a emboîté le pas, en soulignant notamment le succès des efforts entrepris en faveur des populations touchées par la démarcation de la frontière terrestre et maritime, succès dû à la confiance et à la volonté commune. Et de souhaiter qu’au terme du processus soient assurées la sécurité alimentaire, l’eau potable, l’éducation, l’énergie et l’intégration des populations.
Enfin est arrivé le tour de parole de Saïd Djinnit, président de la commission mixte, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest. Après avoir félicité les uns et les autres pour la réussite exemplaire du travail accompli, il les a engagés à œuvrer sur les deux défis restants pour finaliser le dossier Bakassi: la cartographie finale et l’accord de frontière. Pour ce faire, il a insisté sur la consolidation des mesures de confiance et la volonté voire la détermination de tous.
Après avoir lancé un appel aux partenaires pour continuer leur appui multiforme, il a évoqué la question du terrorisme pour souligner la nécessaire coopération sécuritaire entre le Cameroun et le Nigéria. Et d’évoquer notamment la récente prise en otage d’une famille française dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Pour apprécier le dénouement heureux et féliciter le président Paul Biya pour son rôle dans la libération des otages.