Y a des sous en dessous?
Selon un rapport du gouvernement nigérian cité par des agences de presse, un milliard et demi CFA ont été débloqués pour libérer la famille Moulin-Fournier.
C’est bien silencieux que le Nigeria a assisté, le 19 avril dernier à la libération des 7 otages français enlevés du Cameroun, deux mois plus tôt et gardés sur son territoire. Alors qu’il ne fait plus de doute sur le fait que le gouvernement camerounais ait finalement consenti à libérer quelques prisonniers tel que réclamé par Boko Haram, c’est une dépêche de l’agence Reuters qui est venue mettre du feu aux poudres.
En effet, plusieurs médias assurent avoir des preuves de la participation concrète du Cameroun et du Nigeria dans cette libération. Selon l’agence Reuters, la secte islamiste Boko Haram aurait reçu environ 2,4 millions d’euros (1,6 milliard CFA) pour la libération des 7 Français qu’elle détenait depuis le 19 février. L’agence qui assure s’être procuré un rapport confidentiel du gouvernement nigérian qui ne dit pas qui a payé, mais qui affirme que le Cameroun a libéré des prisonniers membres de la secte dans le cadre de l’accord négocié avec les ravisseurs.
Ce rapport qui ne révèle pas qui a réglé la rançon indique par contre que, jusqu’au dernier moment, le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a exigé le double de la somme. Il aurait finalement accepté les termes du contrat en échange de la libération de plusieurs membres de son organisation.
Selon ces média, notamment la chaîne d’information française, I-Télé, la rançon aurait été versée soit grâce « aux fonds propres du président du Cameroun, Paul Biya« , soit par le groupe GDF-Suez, employeur de l’un des otages, Tanguy Moulin-Fournier. Une sortie qui a fait un tollé. Vendredi, le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, et l’Élysée ont démenti qu’une rançon a été versée pour la libération des sept otages. Citant des « sources opérationnelles » au Cameroun et au Nigeria, la chaîne d’information de télévision française a affirmé qu’ils avaient été libérés en échange d’une rançon de 7 millions USD et de la libération de 16 détenus du groupe islamiste nigérian Boko Haram, qui a revendiqué l’enlèvement de la famille française. Un refrain très vite repris par le ministre de la communication, Issa Tchiroma Bakaray qui affirmait : «le Cameroun n’a pas payé de rançon».
Dans une interview à Jeune Afrique, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, cité par le journal français le Point, affirme que « le président camerounais Paul Biya n’a demandé aucune contrepartie à la France en échange de son implication dans la libération de la famille Moulin-Fournier, enlevée le 19 février au Cameroun« . Le ministre redit dans cet entretien à paraître qu’aucune rançon n’a été versée pour obtenir la libération des 7 Français.
Et lorsque Jeune Afrique peine à croire qu’aucune rançon n’a été versée, Laurent Fabius répond : « Nous respectons la règle fixée par le président de la République : la France ne paie pas de rançon. Il faut bien comprendre, que si l’on suit une autre logique, on expose davantage encore nos ressortissants. » On se souvient qu’au lendemain de la libération de ces otages, le président français, François Hollande a rappelé que la France ne versait pas de rançons pour la libération des otages.