Sans terre… on s’enterre!
« L’Afrique risque de vendre ses terres aux multinationales ». La sonnette d’alarme est tirée par le président du Sénégal qui s’est fait porte-parole de l’Afrique lors du sommet du G8 tenu en Irlande. Macky Sall plaide pour un partage équitable des terres sur le continent et attire l’attention sur la volonté des puissances mondiales de s’emparer des terres africaines.
Le président Macky Sall est rentré à Dakar, après un périple qui l’a conduit à Libreville, à Londres et en Irlande. Il a été accueilli par le Premier ministre, Abdoul Mbaye, et des membres du gouvernement.
Le chef de l’Etat, Macky Sall, a participé au Forum New York-Afrique à Libreville, à une rencontre à Londres et au sommet du G8 en Irlande. Lors de cette rencontre, Macky Sall s’est fait le porte-parole de l’Afrique. Il a souligné que la terre doit être équitablement partagée.
Le chef de l’Etat a également expliqué qu’à la demande du Premier ministre britannique, David Cameron, il a fait une communication sur la transaction foncière en Afrique.
«Notre continent risque de vendre ses terres à d’autres pays plus riches et à des multinationales qui vont y développer l’agriculture. La terre doit être équitablement partagée, selon les normes. C’est dans ce sens que j’ai eu, dans ma délégation, le président de la Commission nationale de Réforme foncière (Me Doudou Ndoye, ndr)», a dit le président Sall. Selon le chef de l’Etat, les terres doivent servir au développement.
Au sujet du Sommet du G8, le chef de l’Etat a souligné que ce sont les puissances du monde qui se concertent chaque année sur un sujet majeur et invitent des dirigeants en fonction du thème abordé.
«Nous avons travaillé avec le Premier ministre britannique, David Cameron, sur un pré-G8 à Londres, avec des chefs d’Etat africains, pour discuter de la Déclaration du G8 qui a été adoptée après mon départ d’Irlande», a révélé Macky Sall.
Selon lui, des questions liées à la fiscalité, le commerce équitable, la lutte contre l’évasion fiscale… , ont été évoquées.
A propos de la délinquance financière qui se développe à travers le monde, le chef de l’Etat a estimé que cette question est une forte préoccupation de la communauté internationale face aux évasions fiscales, le blanchiment d’argent et les sociétés d’écran. Selon lui, des efforts doivent être faits pour lutter contre tous ces fléaux.
La communauté internationale, selon Macky Sall, se battra contre ces maux en échangeant des informations, mais surtout en faisant face aux sociétés écran qui handicapent l’économie africaine.
S’agissant du Nepad, le chef de l’Etat a dit que le secteur privé pourrait bien participer à la réalisation d’infrastructures en Afrique, avec des joint-ventures. A Londres, il a reçu la forte colonie sénégalaise et s’est réjoui de cette rencontre avec ces compatriotes.
Parmi eux, certains évoluent dans la haute finance. «J’ai reçu des experts des finances à qui j’ai demandé de faciliter les investissements au Sénégal. Certains sont disposés à venir travailler au pays», a déclaré le chef de l’Etat.
Le chef de l’Etat a rappelé qu’à Libreville, le Forum New York-Afrique a été un cadre de dialogue entre des leaders politiques, du secteur privé, de la société, des experts de haut niveau et des chefs d’Etat africains. «Nous avons échangé pour promouvoir l’image positive de l’Afrique et attirer des investisseurs», a-t-il dit.
Les propositions du chef de l’Etat, en tant que représentant du Nepad, ont été largement adoptées par les pays du G8, indique un communiqué du service de presse de la Présidence.
Concernant le développement des infrastructures en Afrique, les pays membres du G8 ont indiqué, dans le communiqué final, que «l’Afrique est le prochain continent émergent : elle représente une part croissante de la production économique, du commerce et des investissements mondiaux. Nous avons une occasion historique de travailler avec nos partenaires africains pour contribuer à promouvoir une croissance résiliente et partagée en Afrique, en renforçant la transparence, en développant les infrastructures, en facilitant le commerce, en supprimant les obstacles au commerce et en améliorant la gestion des ressources naturelles», souligne le communiqué final du G8.
Dans un élan largement favorable aux préoccupations exprimées par le porte-parole de l’Afrique à ce sommet, le G8 s’est engagé à mettre en place «des mécanismes plus efficaces de collaboration concernant la préparation, le financement et l’atténuation des risques pour les projets relevant des programmes d’infrastructures régionaux africains tels que le Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA)», poursuit le communiqué final.
Sur les préoccupations du chef de l’Etat concernant la gestion des ressources minières en Afrique, le G8 promet de «renforcer les normes mondiales en transparence des industries extractives et progressera sur la voie de normes universelles communes en matière de déclaration, tant pour les pays ayant une industrie extractive nationale importante que pour ceux d’où sont originaires les grandes multinationales de l’extraction. En vertu de ces normes communes, les entreprises seraient tenues de déclarer leurs paiements liés aux industries extractives. Les États prendraient des mesures pour assurer le respect de l’obligation de déclaration et les pays désireux d’appliquer la norme de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractive (ITIE), déclareront volontairement leurs recettes».
Lutte contre l’enrichissement illicite Dans le domaine de la lutte contre l’enrichissement illicite, le G8 s’est insurgé contre «l’utilisation de sociétés fictives à des fins abusives». Ce qui peut être un grave obstacle à la croissance économique durable et à la bonne gouvernance.
«Nous agirons ensemble et de manière concertée pour nous attaquer à ce problème et améliorer la transparence des sociétés et des dispositifs juridiques. Le renforcement de la transparence permettra également d’améliorer le climat des investissements et la sécurité des transactions commerciales, de combattre la corruption et de faciliter l’action des services opérationnels et répressifs pour démanteler les réseaux criminels, faire appliquer les sanctions et identifier et recouvrer les avoirs volés», poursuit le communiqué final du G8.