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ADAMA DAHICO: Retour musical et de l’humoriste- écrivain ivoirien

L’amour pour l’humour!

Huit années après «Je suis candidat», son dernier album, Adama Dahico signe son come-back dans les bacs, avec un nouvel opus, dont il garde pour l’instant jalousement le titre. L’œuvre qui tranche avec ce que l’humoriste avait l’habitude de faire, sera disponible sur le marché le lundi 5 mai prochain.

altAvant cette échéance capitale pour lui, l’humoriste-écrivain, qui vient de publier «Eh Djah, Ma vieille!», situe les enjeux de ce retour musical et humoristique et dévoile son nouveau combat.

Vous vous apprêtez à mettre sur le marché une nouvelle œuvre. A quoi le public doit-il s’attendre?

C’est un album de 12 titres entièrement enregistrés en live et 100% reggae avec des thèmes d’éveil de conscience sur la réconciliation, la paix, l’insalubrité et pas mal de sujets qui contribuent au développement d’une Nation. Voilà ce que je peux dire pour l’instant.

Justement que dites-vous concrètement dans les textes?

Sur cet album, je m’adresse aux Ivoiriens avec le cœur. Nous avons tous été témoins de certains événements dans notre pays. Pour la postérité, il faut qu’artistiquement nous rendions compte de ce qui s’est passé, afin de tirer des enseignements de ce que nous avons vécu.

Nous sommes aujourd’hui dans une dynamique de développement. Après les palabres, il faut se parler et avancer. Je suis citoyen avant tout. J’ai donc décidé d’accompagner l’esprit que le Président de la République et tout le gouvernement ont décidé d’inculquer aux Ivoiriens, c’est-à-dire atteindre d’ici 2020 l’émergence.

Mais, on ne peut pas émerger sans la culture. C’est pourquoi, je reporte le chapeau de militant de la Côte d’Ivoire culturelle, avec un titre intitulé « Ma Côte d’Ivoire », dans lequel j’exhorte chaque Ivoirien à s’acquitter de ses devoirs de citoyen en payant ses impôts. C’est avec cela que l’Etat travaille.

Mais, en même temps, l’Etat a pour devoir de protéger toutes les industries, tous les investisseurs. Aujourd’hui, la contrefaçon et la piraterie tue l’économie. Et nous voulons que l’Etat mette en place un dispositif qui permettra de protéger ces entreprises. Dans l’album, on en parle.

Il y a aussi le slogan de campagne de l’album qui incite les uns et les autres à avoir de l’espoir. Quelles que soient les difficultés, il ne faut pas baisser les bras. Nous avons compris que Dieu a la main sur la Côte d’Ivoire, qu’il a touché les cœurs des uns et des autres afin que nous puissions aller à la paix.

Peut-on savoir le titre de l’album?

Souffrez que je ne le divulgue pas maintenant. Je réserve la surprise pour la sortie de l’album. Les mélomanes le sauront dès la sortie de l’œuvre. Je ne souhaite pas que les pirates dès qu’ils l’entendent, bondissent là-dessus.

Cela dit, je vous informe que j’ai travaillé avec un jeune arrangeur ivoirien Marc William, pendant un an. Il est pétri de talent. Nous sommes aujourd’hui en mesure d’assurer un concert live et d’exécuter les 12 titres de l’album, si un promoteur nous sollicite. Et l’orchestre, c’est les doromikaniciens.

 Vous chantez ou vous parlez sur un beat reggae?

Pour le comédien que je suis, parler c’est chanter. Nous sommes inspirés d’ « Eh Djah », mon premier album, et de réflexion en réflexion, nous en sommes arrivés à cette œuvre. Les Ivoiriens m’attendent sur le plan artistique et c’est là que je dois les surprendre.

Je ne chante pas, mais je parle avec émotion sur des sujets qui nous touchent. Et les chœurs chantent. Nous avons travaillé dans deux studios, Salem et JBZ, avec des musiciens pétris de talent. J’avoue que quand j’ai écouté l’œuvre, j’ai eu une satisfaction morale et artistique.

C’est une vision que nous venons de réaliser, en enregistrant en live un album afin de pouvoir participer à beaucoup de festivals à travers le continent. C’est mon nouveau challenge. Mais, sachez qu’un concert d’Adama Dahico, ça sera toujours de l’humour.

Nous avons, par exemple, une chanson qui s’intitule « Ali Baba et les 40 voleurs » et quand nous l’exécutons, le président Dahico pèse ses ministres, à l’aide d’une balance. C’est un album que nous voulons promouvoir à travers la Côte d’Ivoire.

Habituellement dans vos albums, vous alternez sketchs et musique. Pourquoi, vous renoncez à cette démarche avec cette nouvelle œuvre? 

AD : Je suis certes humoriste. Mais, j’ai des choses à dire au public et je pense que la musique est aussi un canal pour véhiculer des messages. C’est un choix différent, mais je reste toujours dans le canevas de l’humour.

La Côte d’Ivoire est No1 sur le plan de l’humour en Afrique francophone, et les gens dans certains pays du continent s’inspirent des humoristes ivoiriens. Je me suis dit pour ne pas proposer autre chose. En entrant dans ce feeling, je montre qu’on a une autre dimension dans la Côte d’Ivoire humoristique.

Avec ce nouvel album, venez-vous récupérer votre place sur la scène de l’humour?

Vous savez, quel que soit le talentueux reggaeman qui viendra en Côte d’Ivoire, Alpha Blondy restera toujours Alpha Blondy. Tiken Jah, Ismaël Isaac sont certes très bons, mais ils reconnaissent qu’Alpha Blondy reste leur aîné. En matière d’humour, je ne suis pas celui qui a commencé.

Avant moi, Bamba Bakary et d’autres devanciers ont porté de cet art en Côte d’Ivoire. Je suis arrivé à un moment donné avec un humour militant. Et je me suis battu avec un festival (le FIRA, festival international du rire d’Abidjan) et le one-man-show pour amener les gens à aller vers le développement de l’humour.

C’est vrai que j’ai fait quelque temps sans être sur la scène humoristique abidjanaise, mais je me suis produit dans beaucoup de pays en Afrique francophone. J’ai même glané plus de 5 trophées sur le plan international. Cela dit, je pense que les jeunes frères ont maintenu la flamme de l’humour.

Ils ont du talent, mais il faut qu’ils comprennent qu’il faut qu’ils se remettent chaque jour en cause. Quand nous commencions, il n’y avait pas de blagues en sms. Nous nous contentions de notre imagination pour produire des blagues.

Aujourd’hui, quand vous réécoutez « Eh Djah », mon premier album, vous constatez qu’il fait la fierté de la Côte d’Ivoire. C’est dire qu’un travail a été fait. Je ne reviens pas pour prendre une place, parce que je n’en ai pas perdu. Je reviens pour continuer mon travail.

Mais, on reproche à vos jeunes frères de ne pas travailler suffisamment et de ne servir que des blagues qui passent partout et que tout le monde connaît…

Nous, les humoristes, avons le devoir de produire des spectacles de qualité. Dans l’une de vos livraisons, j’ai lu un article sur ce sujet. Je l’avoue, j’ai été à la fois heureux et malheureux. Je me suis rendu compte qu’à notre époque, ce n’était pas pour nos beaux yeux qu’on parlait de nous dans les journaux.

Il y a un travail qui était abattu. Nos jeunes frères d’aujourd’hui, eux-mêmes le disent, ne se remettent pas en cause. Ils sont entre les mariages, les « gombos » et les spectacles. Ils ne savent pas qu’il faut se donner un temps, pour réfléchir et écrire. Aujourd’hui, le public paie pour nous regarder.

Il attend donc de nous, un travail de qualité. Malheureusement, ils ne disent que les mêmes blagues qui circulent dans les téléphones portables, ils en font un répertoire. On peut raconter des histoires que les gens connaissent, mais cela ne doit pas constituer 80% de votre répertoire.

Sinon, il y a problème. Ce que je leur conseille, c’est de se mettre au travail surtout s’ils veulent faire de l’humour leur travail. Ils font rire, c’est vrai, mais à un moment donné, le public dira : « Allez-vous mettre au travail » !

Et ce moment est venu. Par le passé, on m’avait demandé qui est, selon moi, le meilleur humoriste parmi les jeunes qui occupent actuellement la scène. Pour moi, le meilleur humoriste, c’est celui qui donne le meilleur de lui-même à chaque prestation.

Vous parliez tantôt du FIRA. Que devient-il? L’événement est-il mort?

Non. Le FIRA (Festival International du Rire d’Abidjan) va revenir ,d’ici la fin de l’année, mais ce sera un FIRA un peu spécial, une sorte de bilan. Nous allons inviter tous ceux qui ont déjà joué au Fira et que le festival a permis d’évoluer. Ils viendront ainsi avec émotion dire comment ils sont partis du Fira pour atteindre le niveau qu’ils ont aujourd’hui.

Ce sera un FIRA spécial réconciliation, mais la production d’un tel événement demande que l’Etat, en plus des sponsors, nous soutienne. Je lance, en tant que militant de la Côte d’Ivoire culturelle, un appel à tous ceux qui pensent que le FIRA est un patrimoine culturel ivoirien, afin qu’ils nous viennent en aide pour qu’on relance l’événement.

Le FIRA a permis à certains pays francophones du continent d’initier des festivals d’humour et ça fonctionne bien. Il ne faudrait pas que les premiers soient les derniers.

Il faut qu’on reprenne notre place. Je suis prêt à m’investir dans ce sens. Sinon, j’ai la possibilité de m’occuper uniquement que de ma carrière. Mais, je veux que nous préparions tous ceux qui vont faire de l’humour dans 5 ou 10 ans. Voilà un peu mon combat.

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