Bosser comme une ma…Chine?
Dans plusieurs pays africains, les Chinois construisent plusieurs infrastructures (routes, bâtiments, etc.). Mais les conditions de travail qu’ils offrent sont très difficiles à supporter pour les jeunes africains recrutés.
Qui travaille avec les Chinois est soumis à un rythme de travail haletant.
« Nous n’avons pratiquement pas d’heures de repos. On travaille 24 heures sur 24. Après 15 jours de travail, on a droit à 10 jours de repos. Maintenant, ils sont en train de vouloir ramener les jours de repos à 7« , s’indigne Alex Gon, un ouvrier tchadien, décrivant une situation bien connue dans plusieurs capitales africaines.
Dans certains chantiers par exemple, lorsque les Chinois sont arrivés pour construire des infrastructures, les populations locales ont découvert, scandalisées, que les Chinois travaillaient parfois tard après la tombée de la nuit.
Pour les Africains, qui ne travaillent parfois que 5 à 7 heures par jour, ce fut une découverte renversante. Ce qui a souvent laissé prospérer des rumeurs.
Une idée souvent répandue tend à faire croire que plusieurs Chinois, parmi les employés importés de l’Empire du milieu, sont des prisonniers qui travaillent en échange de leur liberté.
« Quand on construisait la raffinerie, les Chinois travaillaient d’une façon telle qu’on pouvait dire que ce sont vraiment des esclaves« , soupçonne aussi Alex.
La situation est d’autant plus gênante que le salaire souvent proposé par les Chinois n’est pas à la hauteur de la peine. S’il n’est pas simplement discriminatoire. « Nous, ici, nous gagnons 250.000 francs Cfa. Mais on nous a dit que certains de nos collègues chinois gagnent parfois jusqu’à 700.000 francs« , poursuit Alex.
Un diplomate chinois de l’ambassade de Chine à N’Djaména s’en explique.
« Effectivement, beaucoup de Tchadiens se plaignent des différences de salaires. Mais, il faut savoir que les salaires dépendent aussi de l’expérience des employés. Certains Chinois arrivent ici avec plus de 20 ans d’expérience. Ils ne peuvent donc pas gagner les mêmes salaires que les locaux. Ces Chinois-là ont beaucoup d’expérience. Par exemple, récemment à la raffinerie, un chauffeur tchadien a fait couper un câble à cause d’une erreur de conduite. Ça va coûter beaucoup d’argent pour réparer tout cela. Donc, il faut considérer qu’en plus du salaire, les Tchadiens gagnent en expérience« , explique-t-il.
Il est souvent difficile de revendiquer ses droits. « Quand tu veux faire une revendication, il y a le chef du personnel qui te demande de prendre ton sac et de partir si tu n’es pas content« , raconte Alex, qui avoue toutefois que ce n’est pas facile de formuler des revendications structurées.
« Beaucoup d’employés sont des analphabètes et n’y comprennent pas grand-chose à leurs droits. Ont-ils vraiment le choix? A N’Djaména, le coût de la vie est très élevé et les emplois stables sont rares. Alors on se contente de travailler comme on peut. Même si dialoguer avec ses collègues chinois n’est pas aussi aisé. « Certains arrivent ici et ne parlent ni français, ni anglais, ni arabe. Donc, quand on veut causer, on mélange toutes les langues et on fait des gestes. Une véritable gymnastique! » .