En Ethiopie et au Kenya!
Ethiopie et Kenya sont les deux nouveaux pays africains que le Premier ministre italien visite cette fois, après le Mozambique, le Congo et l’Angola l’an dernier.
C’est à l’enseigne de toute son action politique, faite de rapidité de décision et de volontarisme, que le président du Conseil italien Matteo Renzi effectue sa tournée africaine actuelle. Tout comme en juillet de l’an dernier lorsqu’il visita le Mozambique, le Congo-Brazzaville et l’Angola, la venue actuelle du Premier ministre en Ethiopie et au Kenya a de forts accents économiques. Mais il s’y est ajouté aussi une autre donnée fondamentale, qui est allée en se précisant depuis lors, à savoir la lutte contre le terrorisme. Ethiopie et Kenya sont, on le sait, deux pays voisins de la Somalie, ancienne et quoique brève colonie italienne, ayant sombré dans le fondamentalisme religieux violent.
Le même fondamentalisme mêlé aux questions de flux migratoires impressionnants place l’Italie dans l’œil du cyclone de la part du mouvement djihadiste de l’Etat islamique. D’ailleurs un attentat revendiqué par ce mouvement violent, a visé le quartier de Garden City du Caire, où se situe le consulat italien faisant un mort pas plus tard que samedi dernier. La menace se précise donc, et si le Premier ministre a dit vouloir poursuivre la coopération italienne avec l’Egypte malgré ces intimidations vaines, Rome n’en est pas moins désireuse de renforcer son engagement dans cette lutte. D’abord parce que le foyer du djihadisme aujourd’hui s’est rapproché de la Libye en pleine déconfiture en étant devenue la référence géographique attitrée. Or la Libye est à 300 kilomètres seulement des côtes italiennes.
La venue de M. Renzi en Ethiopie a donc eu de forts accents économiques, mais aussi une connotation de lutte antiterroriste certaine. «Il est nécessaire d’investir contre le terrorisme et il est nécessaire d’une approche diversifiée sur l’immigration. Il y a dans le monde et en Europe des gens qui appellent l’Italie à faire plus politiquement dans ce sens», a dit le Premier ministre pour expliquer ce déplacement. M. Renzi devait initialement s’envoler de Rome lundi, un voyage rendu impossible par les harassantes négociations à Bruxelles sur la crise économique et financière grecque. Des négociations dans lesquelles la voix de l’Italie s’est jointe à celle de la France pour fortement peser en faveur de la solution trouvée, pour difficile qu’elle apparaisse pour l’opinion hellénique, mais cela est une autre affaire. Car en Ethiopie mardi, le Premier ministre italien a pris part à Addis-Abeba à la conférence de l’ONU sur le financement du développement. Une conférence qui semble faite pour cette Italie qui se bat sur tous les fronts pour peser là où se décide le sort du monde, et surtout du monde en développement. On n’oublie pas que c’est en Italie, à Milan, que se tient depuis le 1er mai dernier l’Exposition universelle qui s’est donnée pour mission de réfléchir au moyen d’éradiquer la faim dans le monde.
La conférence de l’ONU à Addis-Abeba, qui se tient jusqu’à ce jeudi, ne poursuit pas d’autres objectifs. Elle vise à rassembler des financements pour 17 objectifs de développement durable (ODD) que les Nations unies sont en train de fixer pour 2015-2030 et qui doivent être adoptés en septembre à New York. L’objectif ultime est, là aussi, d’éradiquer d’ici à 2030 la pauvreté et la faim dans le monde, tout en maîtrisant les bouleversements climatiques. En cohérence avec de tels engagements, le Premier ministre italien devait visiter mardi le Barrage de la Renaissance et le barrage Gilgel Gibe III, la plus grande œuvre de ce genre en Afrique, en construction sur le Nil par la société italienne Salini-Impregilo.
Lutte contre le terrorisme donc, mais aussi investissements dans le développement en Afrique, un continent que Matteo Renzi estime de la plus grande importance y compris pour assécher les sources d’alimentation des frustrations qui produisent ensuite les violences et les guerres. En avril dernier, le Premier ministre italien avait défilé dans les rues de Tunis, au côté d’autres dirigeants européens et des responsables tunisiens après un attentat islamiste qui avait visé un musée de la capitale tunisienne particulièrement visité par les touristes occidentaux. L’attentat avait fait 24 tués dont 4 Italiens. L’Afrique est au cœur de la stratégie italienne aussi bien pour les possibilités d’investissements qu’elle offre que pour contenir la menace terroriste de matrice islamiste, réaffirme-t-on à Rome.