L’Afrique tient bon?
L’amélioration de la conjoncture économique en Afrique semble appelée à se poursuivre dans les 5 prochaines années en dépit des risques inhérents à la crise de la dette souveraine en Europe, annonce Moody’s Investors Service dans une nouvelle étude publiée récemment et intitulée «Africa : Despite Transmission Risks from European Sovereign Debt Crisis, Stable Growth Likely» (www.moodys.com).
Dans cette publication, l’agence examine dans un premier temps les trois principaux vecteurs de contamination –échanges commerciaux, mouvements de capitaux et flux bancaires– à travers lesquels le continent demeure exposé à la crise de la dette souveraine en Europe, puis observe leur incidence région par région.
La perspective de croissance de l’Afrique pourrait s’affaiblir si la crise de la dette en Europe devait s’intensifier et conduire à une récession dans la zone euro plus prononcée que prévue par le scénario central de l’agence de notation.
L’Europe demeurant un partenaire économique de premier plan pour l’Afrique, le premier canal de transmission du risque se situe donc au niveau des échanges commerciaux.
C’est en Afrique du Nord qu’une contraction plus forte qu’attendue de l’activité en Europe aurait l’incidence la plus forte en raison de l’importance des échanges commerciaux – près de la moitié – réalisés avec l’UE dans cette partie du continent. L’Afrique de l’Est, en revanche, serait la moins touchée, puisque moins de 15% de son volume total d’exportations est destiné à l’Europe.
La deuxième source de contagion tient, en Afrique, à la sensibilité des flux de capitaux au risque événementiel (event risk) dont les 40 milliards USD de sorties nettes de capitaux investis en portefeuille lors de la crise financière de 2008 ont été un exemple tout à fait représentatif.
Troisièmement, une nouvelle intensification de la crise en Europe aurait vraisemblablement en Afrique des conséquences en termes d’accès aux sources de liquidité externes, le système bancaire africain étant principalement alimenté sur ce plan par les banques européennes.
L’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord sont, comparativement à d’autres marchés émergents, davantage soumises à l’instabilité financière qui règne en Europe en raison de la part importante de leurs expositions à travers les engagements étrangers des banques européennes.
Moody’s penche en dépit de ces risques pour un scénario de croissance soutenue en Afrique, pour les 5 prochaines années, de l’ordre de 6% dans la région.