La région est tirée par le Ghana (+13,5%) mais la Côte d’Ivoire est en récession (-5,8%).
L’Afrique subsaharienne devrait afficher en 2011 et 2012 l’un des plus forts taux de croissance de la planète, supérieur à la moyenne mondiale et très au-dessus de ceux des économies avancées, selon les prévisions du Fonds monétaire international.
Même légèrement revue à la baisse par rapport aux précédentes prévisions de la mi-juin, la croissance en Afrique subsaharienne dépassera les 5% cette année et en 2012, dans une région qui affiche des performances macroéconomiques « solides » en dépit de la crise.
En revanche la croissance du Maghreb connait un véritable coup de frein. A cause des crises politiques dans la région, la croissance n’atteindra même pas 1% en 2011.
Sur l’ensemble du continent, Maghreb inclus, le taux de croissance prévu en 2011 est de 3,7% , alors qu’il était de 4,9% en 2010. Cela s’explique par la mauvaise santé des économies des pays d’Afrique du nord, chahutées par les troubles politiques. Résultat, la région perd 4 points de croissance par rapport à 2010 pour atteindre 0,7%.
En revanche, pour la seule Afrique subsaharienne, la croissance devrait atteindre 5,2% en 2011 et même 5,8% en 2012. En Afrique de l’Ouest, on attend carrément une récession en Côte d’Ivoire, avec moins 5, 8% de croissance, alors que la région est tirée par le Ghana, plus 13,5% de croissance. Toutefois le FMI attend un rebond dès 2012 en Côte d’Ivoire, avec un taux de croissance qui pourrait dépasser les 8%.
Très logiquement, les pays producteurs de pétrole comme le Nigeria ou l’Angola ont des perspectives de croissance supérieurs à 6%, mais on s’attend également à des croissances fortes, autour de 5% pour les pays les plus pauvres d’Afrique subsaharienne.
Et cette bonne santé s’explique paradoxalement, par leur faible intégration dans les réseaux industriels et financiers mondiaux. Autrement dit, leur peu d’acces à la mondialisation, explique que ces pays aient échappé à la crise.
Après avoir été en recession en 2009, et en convalescence en 2010 avec moins de 3% de croissance, l’économie sud-africaine reprend des couleurs avec des prévisions de croissance supérieurs à 3,5%. La récession sud-africaine en 2009 s’explique par le niveau relativement important d’intégration de l’économie de ce pays au niveau mondial.
L’Afrique du Sud fait partie de ce que l’on appelle parfois les BRICS, autrement dit les pays émergents. Ces pays ont subi la crise de 2008-2009, mais désormais, au niveau mondial, ce sont eux qui tirent la croissance.
Ainsi en 2012, l’ensemble des émergents devraient connaître un niveau de croissance supérieur à 6% (et même 9 % pour la Chine) alors que les pays développés sont à la traîne avec un point et demi de croissance. Les analystes disent que le centre de gravité de l’économie mondiale s’est déplacé vers le sud .
Les pays émergents investissent de plus en plus en Afrique et contribuent au développement du continent. Chine en tête, ces derniers vont chercher des matières premières en Afrique mais ils y investissent également. L’Afrique n’est pas à négliger, elle constitue un réservoir d’un milliard de consommateurs potentiels !
Bien sûr, ils investissent plus dans les pays producteurs d’hydrocarbure et de minerais qu’ailleurs. Mais c’est également grâce à eux que les exportations de produits manufacturés africains ont doublé en 10 ans.
De plus, les pays émergents, en particulier la Chine mais aussi le Brésil, l’Inde, la Corée, et la Turquie, investissent directement dans les infrastructures, et les projets industriels, à la différence des pays occidentaux qui préfèrent octroyer des subventions aux budgets des Etats.
Toutefois les partenaires traditionnels de l’Afrique représentent encore 80% des flux d’investissements directs étrangers sur le continent et fournissent la plupart de l’aide publique au développement.
Le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, soulignait que les bénéfices de cette croissance doivent contribuer à réduire les inégalités et à favoriser la cohésion sociale, faute de quoi il y a de forts risques de troubles sociaux. C’est pourquoi l’accent doit être mis sur la lutte contre le chômage, avec un marché du travail plus flexible, mais aussi pour une meilleure formation de la main d’oeuvre, et une stimulation du secteur privé.
Dans les pays riches, les organisations internationales prônent la mise en place de fonds souverains où sera déposée une partie des ressources financières, afin de pouvoir réagir si jamais les prix des matières premières s’effondrent. Elles prônent également un meilleur encadrement de l’agriculture, mais dénoncent les subventions généralisées qui risquent de creuser les déficits budgétaires.
Pour l’OCDE, les pays africains doivent également impérativement accélerer l’intégration régionale et renforcer leur position de négociateur dans leurs relations avec les pays tiers pour obtenir plus d’investissements permettant la diversification dans l’industrie et le développement.
Par ailleurs des élections sont prévues dans plusieurs pays, notamment le Libéria, la RDC ou la Tunisie, et l’OCDE met en garde contre la tentation d’augmenter les dépenses pour flatter l’electorat, au détriment de la discipline budgétaire.
Norbert Ngouma