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AFRIQUE: Un avenir atomique pour l’Afrique

Des gouvernements africains se tournent de plus en plus vers l’atome civil.

Près de deux tiers de la population de l’Afrique subsaharienne vit sans électricité. Pour y remédier, de plus en plus de gouvernements africains se tournent vers le nucléaire.

Alors que la Suisse et l’Allemagne veulent débrancher leurs centrales atomiques, l’Afrique voit dans le nucléaire son avenir énergétique. Pour l’instant, seule l’Afrique du Sud possède une centrale nucléaire civile. Mais la situation devrait radicalement changer dans les deux prochaines décennies. Des gouvernements africains se tournent de plus en plus vers l’atome civil. L’Afrique a ses propres préoccupations, le développement du continent et pour cela l’électricité est nécessaire.

 

Le Maroc ambitionne de faire son entrée dans l’atomique en 2017 et la Namibie en 2018. Au Nigeria et en Egypte, les premières centrales électronucléaires devraient fonctionner d’ici à 2020. Le gouvernement kényan a investi 2 millions USD pour la construction d’un réacteur qui devrait produire 1.000 mégawatts, d’ici à la fin de cette décennie. Le Ghana, l’Angola, l’Algérie, la Tunisie et l’Ouganda envisagent aussi d’opter pour l’énergie nucléaire. Même les nations les plus pauvres d’Afrique comme le Burundi, la République démocratique du Congo et le Cap Vert ont fait un pas vers le nucléaire en rejoignant l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Sur le continent, l’Afrique du Sud reste le leader incontesté en termes d’énergie nucléaire: le pays veut construire d’ici à 2023 six nouvelles centrales et couvrir ainsi près d’un quart de ses besoins énergétiques.

«L’Afrique du Sud veut aussi exporter son savoir-faire dans la région», affirme David Fig, un expert nucléaire sud-africain. Premier client, l’Algérie qui a décidé de confier à l’Afrique du Sud la création de deux réacteurs nucléaires.

Face à cette vague pro-nucléaire, le Sénégal semble bien isolé. Ce pays d’Afrique de l’ouest est revenu en arrière sur ses plans de construire une première centrale après la catastrophe du Fukushima, au Japon. En avril 2011, le président sénégalais Abdoulaye Wade a même soumis une résolution à l’Union africaine (UA) pour déclarer le continent «zone zéro nucléaire». Mais ses chances de succès sont minces.

Le combustible nucléaire est pour de nombreux pays africains (riches en matière première) le moindre de leur souci. Le continent regorge d’uranium.

Le Niger, la Namibie et l’Afrique du Sud ont d’énormes gisements d’uranium qui représentent ensemble, environ 15% des ressources connues d’uranium dans le monde. Et beaucoup de leurs voisins extraient eux aussi ce métal radioactif.

Les risques engendrés par le nucléaire ne font guère l’objet de débats en Afrique. Combler le déficit énergétique passe en premier. Les risques de catastrophe nucléaire et le problème du stockage des déchets ne font pas le poids face aux promesses du lobby nucléaire de croissance économique et d’emploi.

La propagande pro-nucléaire est particulièrement acharnée, car le marché africain attise les convoitises des entreprises nucléaires qui peinent désormais à vendre leur technologie dans les pays du Nord. La concurrence est rude entre les firmes russes, françaises et chinoises pour séduire les dirigeants africains. «Les sociétés d’énergie nucléaire tentent désespérément de trouver de nouveaux clients et d’attirer les gouvernements africains avec des offres alléchantes», ajoute Fig.

Pour faire son entrée dans le nucléaire, l’Afrique doit toutefois passer encore quelques obstacles. Posséder son réacteur a un coût, des millions de dollars, que de nombreux gouvernements africains, sans l’aide d’investisseurs étrangers, ne peuvent se permettre.
Mais, la barrière la plus forte reste le manque de connaissances techniques. Entre 200 et 1.000 scientifiques et ingénieurs spécialisés sont nécessaires pour faire fonctionner une centrale nucléaire. Or, moins de 10.000 personnes travaillent actuellement dans l’ensemble du secteur nucléaire en Afrique.

«Il faudra encore longtemps avant que l’Afrique ait les compétences nécessaires. Sans compter que la plupart des pays ne disposeraient, pour l’instant, même pas d’un réseau électrique suffisamment dense et puissant pour raccorder un réacteur» confie Tristen Taylor, expert en environnement à l’organisation Earthlife.

K. P.

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