Le Continent sceptique sur un Obama… incontinent!
Le président américain Barack Obama a dévoilé sa nouvelle stratégie en faveur du développement de l’Afrique, avec l’objectif de renforcer la sécurité et la démocratie dans un continent qui fait face à la menace d’Al-Qaïda et à une offensive économique chinoise.
Ce plan, qui viserait à «encourager le potentiel économique « sensationnel » du continent en matière de croissance, afin de tirer des millions d’Africains de la pauvreté, dans un continent associé à la misère et aux conflits», énonce des objectifs stratégiques:
■ renforcer les institutions démocratiques à tous les niveaux, en soutenant et en consolidant les aspirations à une gouvernance plus ouverte et responsable sur tout le continent, en encourageant les droits de l’Homme et l’État de droit et en confrontant les dirigeants dont les actions menacent la crédibilité du processus démocratique.
■ Stimuler la croissance économique, le commerce et les investissement: en améliorant la gouvernance économique, encourageant l’intégration régionale, rehaussant la capacité du continent africain d’accéder au marché international et d’en retirer des avantages et encourageant les entreprises américaines à commercer avec l’Afrique et à investir dans le continent.
■ Faire avancer la paix et la sécurité: La nouvelle stratégie appelle les États-Unis à approfondir leur partenariat en matière de sécurité avec les pays africains et avec les organisations régionales afin de répondre aux besoins sécuritaires de base des populations du continent. Seuls les gouvernements et les peuples de l’Afrique eux-mêmes peuvent trouver les solutions aux problèmes de sécurité et aux divisions internes qui sévissent sur le continent, mais les États-Unis peuvent avoir un impact positif.
«Au moment où nous regardons vers l’avenir, il apparaît clairement que l’Afrique est plus importante que jamais pour la sécurité et la prospérité de la communauté internationale et pour les Etats-Unis en particulier», a déclaré le président américain.;
Alors qu’Al-Qaïda cherche à s’implanter du Mali à la Somalie, le Washington Post a rapporté jeudi que l’armée américaine avait mis en place depuis 2007 un réseau de bases aériennes en Afrique pour surveiller secrètement les mouvements islamistes ou rebelles à l’aide de petits avions.
La nouvelle stratégie de la Maison Blanche est énoncée près de trois ans après que Barack Obama, dont le père était Kenyan, eut arrêté ses priorités pour l’Afrique au cours d’un voyage au Ghana, le seul de son mandat au Sud du Sahara.
Curieusement, ce regain d’intérêt se concrétise à un moment où la Chine augmente ses investissements en direction du continent et cherche à fortifier ses liens diplomatiques, notamment pour s’assurer des sources d’approvisionnement en énergie pour son économie en pleine croissance, constate-t-on.
La Chine apporte un capital dont l’économie africaine a un « besoin vital » et pourrait jouer un rôle pour assurer une paix durable au Soudan, a dit le responsable de l’administration américaine. Le commerce entre la Chine et l’Afrique a atteint 120 milliards USD en 2011, un bond de 100 milliards en 10 ans.
Contrairement aux Etats-Unis qui posent beaucoup de conditions aux Africains pour être éligibles aux avantages qu’accorde la loi américaine du commerce pour la croissance et les opportunités avec l’Afrique (AGOA), la Chine vient, pour sa part, avec une coopération pragmatique basée sur un partenariat gagnant-gagnant respectant la politique intérieure des Etats africains.
Une façon d’insinuer que la nouvelle stratégie de Barack Obama fait planer un doute au moment où la coopération sino-africaine est en train de marquer un tournant décisif dans les Relations économiques internationales.
L’On se souviendra que dans son discours devant le Parlement du Ghana en juillet 2009, Barack Obama avait proclamé que si le continent a besoin de dons et d’un soutien international, «L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions. L’avenir de l’Afrique appartient aux Africains».
Six des dix économies à la croissance la plus forte dans le monde, au cours de la première décennie du 21ème siècle sont en Afrique.
Bon nombre d’analystes se posent la question de savoir, pourquoi la nouvelle stratégie du président américain pour l’Afrique intervient au moment où ce dernier est arrivé fin mandat. D’où leur scepticisme.