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Comme il l’avait souhaité de son vivant, le « double » d’Ahmadou Kourouma a vu ses restes rapatriés sur la terre de ses ancêtres, en Côte d’Ivoire, la nuit du mercredi 12 novembre 2014, en passant par le pavillon d’honneur de l’Aéroport international Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan-Port-Bouet.
Comme il l’avait souhaité de son vivant, le « double » d’Ahmadou Kourouma a vu ses restes rapatriés sur la terre de ses ancêtres, en Côte d’Ivoire, la nuit du mercredi 12 novembre 2014, en passant par le pavillon d’honneur de l’Aéroport international Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan-Port-Bouet. La dépouille mortelle du célèbre père de l’inclassable roman « Le soleil des indépendances » (1968), accompagnée par sa veuve Christiane-Angèle, leur quatre enfants, a été accueillie par sa famille biologique et Maurice Kouakou Bandaman, ainsi que d’autres personnalités.
Pour le ministre de la Culture et de la Francophonie, il était temps, 11 ans après sa disparition à Lyon, en France, où l’écrivain ivoirien avait été enterré en première intention, qu’Ahmadou Kourouma retrouve son pays. « Cet événement est à attribuer au chef de l’Etat, Alassane Ouattara. C’est lui qui m’a recommandé de faire rapatrier la dépouille mortelle de l’écrivain Ahmadou Kourouma. Et nous travaillons sur ce sujet depuis deux ans. Aujourd’hui, c’est chose faite. Au moment où le corps d’Ahmadou Kourouma revient en Côte d’Ivoire, sur sa terre natale, je voudrais, au nom du ministère de la Culture, au nom du gouvernement, m’incliner de façon pieuse devant sa dépouille pour lui dire toute la fierté que les Ivoiriens ont pour l’avoir eu comme écrivain. Le chef de l’Etat, la Côte d’Ivoire, a décidé de lui rendre hommage et nous le ferons dans la pure tradition républicaine », a déclaré Maurice Bandaman qui, dans la foulée, il a exprimé toutes ses condoléances à Christiane Kourouma, à ses enfants et à toute la famille.
Au dire du ministre de la Culture, « le chef de l’Etat et le gouvernement se tiennent à leurs cotés pour donner à Ahmadou Kourouma des obsèques dignes et des hommages liés au service qu’il rendu à la Côte d’Ivoire, tant dans ses fonctions de banquier, de financier que d’écrivain ».
L’événement a été également salué par la veuve Christiane-Angèle Kourouma. « Il voulait qu’on l’enterre ici. C’était son souhait. Je suis tellement émue, heureuse qu’il revienne. La famille est très contente, nous sommes honorés et fiers. Pour nous, c’était un grand homme ; pour moi, c’était un mari extraordinaire ».
Henri N’Koumo, directeur du livre et de la lecture au ministère de la Culture, a abondé dans le même sens. « Vous savez, avant son décès, Kourouma avait entamé la construction d’un caveau familial au cimetière de Williamsville. Et ce caveau, il entendait l’occuper. Le retour de ses restes est un moment un peu particulier, en ce sens que la Côte d’Ivoire retrouve l’un de ses écrivains les plus importants. Un écrivain qui était capable d’étirer les frontières de la Côte d’Ivoire parce que son seul nom était un symbole d’ouverture et d’affirmation de la Côte d’Ivoire à l’extérieur au même titre que celui du footballeur Didier Drogba.
Le fait que Kourouma soit là est également une occasion pour l’ensemble des acteurs du secteur du livre et pour la Côte d’Ivoire de revisiter sa production littéraire et de lui rendre homme dans le même temps », a-t-il dit.
« C’est le corps qui retourne à sa terre. Je pense que les textes d’Ahmadou Kourouma reviennent sur cette nécessité pour le défunt de retourner à la terre pour pouvoir se régénérer et devenir source de vie. Donc, pour moi, ce retour est une forme de renaissance. Maintenant, comme l’enseigne les traditions africaines, son corps va se libérer et il va devenir un pur esprit. Et le travail du deuil au niveau de la famille pourra ainsi s’achever. C’est cette dimension anthropologique qui me préoccupe ». Propos de Pr Yacouba Konaté, président du comité d’organisation des obsèques de l’illustre disparu.
Une rue abidjanaise, ex-K 20, derrière le restaurant BMW des Deux-Plateaux, a été officiellement baptisée de son nom. Une veillée artistique, à 20 h, devrait être dédiée à Ahmadou Kourouma, à l’INSAAC, à Cocody.
Vendredi 14 novembre, à 10 h, a lieu sa levée du corps, à Ivosep de Treichville, suivie de l’hommage que lui a rendu la Nation, avant son inhumation, à 13 h, dans le caveau familial qu’il s’était fait bâtir, à Williamsville, à Abidjan-Adjamé.
Né en 1927 à Boundiali (nord ivoirien) et décédé le 11 décembre 2003 à Lyon, en France, l’écrivain ivoirien a été directeur de l’Institut international des assurances, à Yaoudé, au Cameroun, directeur général de CICARE, à Lomé, au Togo. Il avait également servi à la Cnps, à la Société générale de banque (Sgbci), en Côte d’Ivoire.
Ahmadou Kourouma laisse derrière lui, une veuve, quatre enfants et une œuvre d’une immensité incroyable.