Le nonagénaire Akuku, dont le surnom était “danger”, est membre de l’ethnie « Lowo », la même que celle du père du président américain Barack Obama. Selon la légende, aucune femme ne réussissait à lui résister, “je suis comme un aimant magnétique”, se plaisait-il à dire quand il parlait de lui-même.
Il était devenu une légende. Sa réputation dépassait les frontières du Kenya. S’il avait existé une médaille d’or de la polygamie, il l’aurait à coup sûr remportée. Akuku est mort, à l’âge de 94 ans, après avoir été marié 130 fois et avoir engendré quelque 300 enfants.
Si cet homme était un phénomène, c’était aussi en raison de son grand âge, dans ce pays où l’espérance de vie ne dépasse pas 54 ans. Plus d’une trentaine de ses épouses et 55 de ses enfants l’ont d’ailleurs précédé dans la tombe.
C’est en 1939 qu’Akuku se marie une première fois dans son village du district de Ndhiwa, à 370 kilomètres à l’ouest de Nairobi, non loin du lac Victoria. Bien vite, son appétit pour les femmes le pousse à prendre une deuxième épouse, puis une troisième et ainsi de suite jusqu’en… 1997. La dernière élue a 18 ans. Au Kenya, pays majoritairement chrétien, la polygamie n’est pas admise par la Constitution, mais elle est tolérée dans le cadre des tribus et des lois coutumières.
Riche propriétaire terrien, commerce au détail, agriculture, transport, le polygame était prospère et ses affaires était gérée au sein de la fratrie. Au fur et à mesure qu’il agrandit sa famille, cet homme presque illettré se révèle un homme d’affaires hors pair. Il a créé sa propre société de transports en minibus. Puis il a acheté des terres et du bétail dont il faisait du commerce. Peu à peu, il avait tissé sa toile dans la région et construit un empire.
Du mariage de ses filles, il avait su tirer profit, car, sur les dots, il ne plaisantait pas…
Très attaché à tous ses enfants et à ses épouses, il avait bâti autour de sa “famille” un véritable empire. Il a fait construire une église et deux écoles pour ses enfants, surveillant de près leur éducation.
Il avait choisi personnellement le nom de tous ses enfants. Il connaissait le prénom de chacun de ses enfants et pouvait dire quelle en est la mère.
Son premier fils, médecin, était âgé de 70 ans , à sa mort, était médecin alors que sa cadette n’avait pas encore 10 ans. Un autre était policier. Beaucoup d’autres resteront dans les parages de Ndhiwa, où ils ouvriront des petits commerces.
Jusqu’à la fin de sa vie, Akuku fut un personnage courtisé que l’on venait consulter comme un notable. Les politiciens n’ignoraient pas le poids de son clan familial. La presse, y compris internationale, ne cessera d’être fascinée par ce champion toutes catégories de la polygamie.
Grande gueule et malicieux, Akuku raffolait de ces visites et en rajoutait à chaque occasion. Faisait-il payer les interviews qu’il accordait? Deux journalistes du Standard, Barak Karama et Nicholas Anyor, l’affirment, mais ce n’est confirmé nulle part. Une chose est sûre: Akuku savait entretenir sa légende.
«On m’appelle « Danger » car je fais peur aux hommes. Aucune femme ne peut me résister. J’ai toujours été beau garçon, su m’habiller et parler aux dames. Je suis magnétique!», lança-t-il ainsi un jour.
Ce nom de « Danger » ne le quittera plus. Intraitable, Akuku pouvait l’être. Il avait ainsi divorcé de 85 de ses épouses. Pour infidélité: «Je ne peux pas tolérer de leur part une conduite à risque, c’est ma vie qu’elles mettent en péril!», disait-il sans rire. «En ces temps de sida, je me dois d’être très strict sur le comportement de chacune», expliquait-il, affirmant placer la moralité de ses épouses au-dessus de tout.
Il a eu de grandes funérailles, en présence de personnalités nationales et locales et surtout de toutes ses épouses, actuelles et anciennes, de ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. Akuku Danger a laissé plus 1.500 descendants!!!