La France n’a pas en…d’Orsay!
Les funérailles du premier président de l’Algérie indépendante Ahmed Ben Bella se sont déroulées, vendredi 13 avril à Alger. La France était représentée à ces obsèques par son ambassadeur en Algérie, Xavier Driencourt, mais Paris n’a pas réagi officiellement au décès d’Ahmed Ben Bella.
Pas de commentaire, ni à l’Elysée, ni au Quai d’Orsay. Interrogé sur le silence de Paris après la mort d’Ahmed Ben Bella, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a simplement indiqué que l’ambassadeur de France en Algérie avait été invité aux cérémonies d’hommage, comme les autres ambassadeurs en poste à Alger.
Silence, donc, et prudence dans la droite ligne de la non-commémoration officielle du cinquantenaire des Accords d’Evian qui avaient mis fin à la guerre d’indépendance le 19 mars 1962. Une indépendance qui reste douloureuse en France pour les rapatriés et les harkis, ces supplétifs de l’armée française massacrés dans les semaines qui ont suivi.
«En période électorale, toutes les voix comptent», commente un membre du bureau politique du FLN, le parti historique au pouvoir en Algérie qui ajoute «y compris les voix passéistes».
Pour Nicolas Sarkozy, rendre hommage à Ahmed Ben Bella pourrait l’éloigner de l’électorat pied noir et harkis. Le président-candidat se rendra d’ailleurs ce samedi après-midi au camp de Rivesaltes, dans le sud de la France, un lieu symbolique où les harkis et leurs familles avaient été regroupés après la guerre.
Quant au candidat socialiste François Hollande, qui s’est engagé à reconnaître publiquement la responsabilité des gouvernements français dans l’abandon des harkis, il a salué la mémoire d’Ahmed Ben Bella, selon lui «l’un des symboles d’une étape historique décisive» pour les deux pays.
Le président du groupe d’amitié France-Algérie à l’Assemblée, le député socialiste Bernard Derosier, lui, regrette qu’aucun membre du gouvernement français n’ait fait le déplacement à Alger pour les obsèques d’Ahmed Ben Bella. Ahmed Ben Bella, avait été décoré de la médaille militaire par Charles de Gaulle en 1944.