«Boucher de l’Angola» pour les uns, «De Gaulle africain» pour les autres.
Il y a 10 ans jour pour jour, le chef rebelle Jonas Savimbi tombait sous les balles de l’armée angolaise, au terme d’une guerre civile qui avait fait près d’un million de morts. Dix ans après, que reste-t-il de Jonas Savimbi?
Ce qui reste de Savimbi, c’est d’abord le souvenir d’un homme cruel et séduisant; une sorte d’anti-héros qu’on déteste et qu’on admire à la fois.
Après l’indépendance de l’Angola, en 1975, le fondateur de l’Unita a éliminé physiquement les compagnons qui lui faisaient de l’ombre et a installé autour de lui un culte de la personnalité à la Mao Tsé Toung. En même temps, dans les vastes territoires qu’il contrôlait, il a offert aux populations des écoles et des dispensaires. Il s’est attaqué à la corruption, et il est mort courageusement, les armes à la main.
«Boucher de l’Angola» pour les uns, «De Gaulle africain» pour les autres, Savimbi est mort 10 ans avant sa mort. Dès 1992, au sortir de la guerre froide, les Américains ont basculé en faveur du MPLA et de ses immenses réserves de pétrole offshore.
Mais Savimbi n’est pas mort pour rien. Son parti lui a survécu. Aujourd’hui, avec ses 16 députés à la Chambre, l’Unita reste le seul challenger du MPLA, en vue des législatives de septembre prochain.
«Les Angolais d’abord!», clamait Savimbi à la fin de ses discours. Aujourd’hui, le slogan est devenu sonnerie de téléphone portable. La voix du rebelle résonne dans les rues de Luanda.