Dette européenne : l’Angola investit massivement au Portugal.
En raison de la crise financière mondiale, de la dette des pays européens et de nombreuses privatisations, les rôles se sont inversés entre le Portugal et l’Angola. Désormais, c’est au tour de Luanda d’invesir dans l’ex-métropole.
Endettée et subissant de plein fouet la crise, Lisbonne est depuis plusieurs mois contrainte à la privatisation en masse: son accord passé en mai dernier avec l’Union Européenne (UE) et le Fonds Monétaire international (FMI) l’oblige à céder toute une partie de la compagnie aérienne TAP, de Energias de Portugal ou de la banque BPN.
C’est pour toutes ces raisons que le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho, en visite à Luanda, devrait chercher à revendre à l’Angola les entreprises publiques portugaises en passe d’être privatisées. Nouvel Eldorado africain, le pays, autrefois ravagé par la guerre civile, dispose aujourd’hui d’une puissance financière internationale, notamment grâce au poids lourd de son économie, le groupe pétrolier Sonangol.
En tout et pour tout, de 2002 à 2009, les investissements angolais au Portugal sont passés de 1,6 à 116 millions d’euros. Près de 3,8% de la capitalisation de la Bourse de Lisbonne est aux mains de l’ancienne colonie.
Selon Carlos Feijo, chef de cabinet du président angolais, il s’agit d’un juste retour des choses: «Beaucoup d’Angolais ont des intérêts commerciaux au Portugal, mais aussi beaucoup de Portugais sont ici à Luanda pour faire des affaires, donc je dirais que c’est une réciprocité qui est bonne pour les deux pays».
Selon Pedro Seabra, chercheur à l’Institut portugais des relations internationales (Ipris), à Lisbonne, l’inversement des rôles Angola-Portugal reste un phénomène singulier: «la Tunisie et l’Algérie ont bien des entreprises solides qui opèrent en Europe, mais cela n’a rien à voir avec les investissements de l’Angola que nous voyons au Portugal. Et je suis sûr que nous allons voir beaucoup plus d’achats d’actifs portugais par l’Angola dans un proche avenir», remarque-t-il.