La « Parivoirienne »!
Anna-Alix Koffi, 34 ans, adore la photo, le risque et elle croit encore beaucoup au print! A 30 ans, celle qui se qualifie comme une «parivoirienne», a lancé son propre magazine photo, sans financement, sans support web et sans pub au départ!
Elle le reconnait: «Je crois que je suis un peu dingue de me lancer là-dedans!»
Off the Wall est une belle réussite. Anna-Alix Koffi cumule les postes: fondatrice-rédactrice en chef-directrice artistique. «Moi, j’ai un oeil, mais mes collaboratrices sont des puits de connaissance».
Chaque trimestre, elle imprime mille exemplaires d’un magazine qui comprend 190 pages avec à chaque fois la volonté de «révéler la photo émergente et réveiller les images méconnues».
Anna-Alix Koffi a été formée en histoire. A 22 ans et rédige son mémoire de maîtrise : « L’image de la femme dans les publicités Côte d’Ivoire entre 1956 et 1978″. La côte d’Ivoire est son pays natal qu’elle a quitté à 4 ans au décès de son père qui fournissait des meubles aux administrations.
«C’est de ma mère qui m’a élevée que je tiens mon côté battant. Elle m’a appris que tout était possible». Et elle le prouve très vite. Pendant ses études, elle est serveuse dans un hôtel quatre étoiles où elle croise régulièrement le créateur Michel Klein qui a décidé de la recruter pour la communication de sa nouvelle boutique. Alix n’a peur de rien.
Elle a choisi, finalement, le journalisme et elle a participé en 2012 au lancement de la revue photo More. Très vite, elle a voulu le sien! Off the Wall!
«Je suis entrée dans la photo par les magazines de mode à la grande époque des top-modèles, dans les années 1990. J’aimais aussi les photos qui ressemblaient à des tableaux. J’ai commencé avec du vintage ! J’aime me demander quelle est l’histoire de l’image que je regarde. Et j’aime l’esthétisme», se souvient-elle.
Elle s’apprête à sortir le troisième numéro dont il sait qu’il sera important économiquement pour la suite de son aventure: «Après deux numéros salués par le milieu. Je dois montrer mon sérieux avec un troisième, en espérant atteindre l’équilibre financier. J’ai fait du tapage à Paris Photo en novembre, j’ai foncé à Istanbul juste après puis à New York, et maintenant je m’arrête un peu».
Anna-Alix aime elle aussi photographier. Avec un Olympus ou via l’application smartphone Hipstamatic, elle prend les gens sur la plage. Ou une belle porte à Paris. Elle adore aussi photographier son fils de 10 ans, Paul-Kofi.
«Mais je préfère mettre les autres en avant, par respect pour leur talent. Et parce que si je m’y mets vraiment, j’y consacrerai tout mon temps et je risque de laisser tomber le magazine!».
L’artiste plasticien franco-béninois Dimitri Fagbohoun est très élogieux à son égard: «Elle me fait penser à un créateur de start-up: persévérant et impatient. C’est une « diggeuse »: elle se creuse la tête pour proposer des nouveautés dans un milieu surchargé».
Anna-Alix Koffi parle le japonais depuis l’âge de 15 ans. Elle se dit « parivoirienne », à la fois profondément parisienne et ivoirienne. En 2014, elle a projeté de découvrir le centre et le nord de son pays natal.
«L’Afrique est cependant très présente dans Off the Wall. C’est aussi mon identité».