Je m’appelle Bellamy et je suis «naturelle» depuis près d’une dizaine d’années. J’ai décidé d’arrêter le défrisage chimique parce que mes cheveux étaient dans un état déplorable et avaient besoin d’une thérapie de choc.
A l’époque je ne connaissais et ne voyait pas de « nappy », mais encouragée par l’exemple des youtubers américains de YouTube, je me suis embarquée dans ce merveilleux voyage qui m’a porté à connaitre mes cheveux, mais surtout moi-même.
Les deux premières années, je cachais mes cheveux avec des ajouts et autres, je n’étais pas prête à les montrer parce que je n’arrivais pas à obtenir les boucles des gourous que je suivais en ligne; je peux dire qu’être naturelle était un choix de nécessité et non pas un caprice. Un jour, quelque chose a cliqué en moi. Je me suis dit: «Ça suffit! Je dois m’accepter à 100% m’aimer vraiment; je ne peux pas attendre que les autres m’aiment et m’apprécient, si je ne suis pas capable de le faire moi-même».
Cet été, j’ai rasé presque tous mes cheveux, laissant juste le devant (c’était une coupe à la mode). À ma grande surprise, dès cet instant-là, la crainte a disparu et mes cheveux ont pu enfin voir la lumière du jour. J’avoue toutefois que ça n’a pas été facile parce que partout où j’allais, on me zyeutais mal, les autres filles et femmes africaines, en particulier. Elles semblaient penser: «Mais regarde celle-là! Elle est folle pour sortir comme ça? Elle ne peut pas acheter le « relax »?»
Avec le temps, je m’y suis habituée. Je me suis dit que si je devais être, au moins dans ma zone, la pionnière de ce mouvement à convaincre qu’il ne faut pas se plier aux clichés de beauté imposées par la société pour être considérée séduisante, j’aurai relevé le défi. Mes amis, mon fiancé et ma famille ont accepté mon choix avec beaucoup d’enthousiasme et au contraire, jusqu’à présent, ils me préfèrent en version « naturelle ». Aujourd’hui, j’ai acquis toute la conscience qui me manquait, et j’avoue que je me sens plus «femme» quand j’arbore mes boucles, même les fois qu’elles semblent se rebeller de manière incontrôlable.
Le début de ce « voyage naturel » a coïncidé avec la période où j’ai affronté la soi-disant « crise d’identité culturelle », je ne savais plus qui j’étais: italienne, africaine, un mélange des deux? Et voilà que le courage de me montrer au naturel, renonçant à toute sorte de filtre, m’a aidé à prendre conscience de ma personne et de mes origines. Maintenant, j’aime me définir Afro-italienne et, à tel propos, je dirige un magazine en ligne www.afroitaliansouls.it dans lequel, ensemble avec la co-fondatrice Grace, je me consacre à faire connaître les réalités des enfants nés et élevés en Italie par des parents africains, comme moi et en général, celle des Africains en Italie.
Je pense qu’il est important de combler le vide médiatique envers les deuxièmes générations et surtout que d’autres jeunes Afro-Italiens aient des exemples positifs de gens semblables à eux, de sorte qu’ils n’ignorent pas ou, pire encore, renient leur être aussi Africains, comme cela arrive souvent.
Bellamy Heart