Marley a parlé!
11 mai 1981-11 mai 2013. Les rastas et adeptes du reggae ont célébré le 32ème anniversaire du rappel à Dieu de Bob Marley, un chanteur qui a contribué à asseoir et à faire connaître ce genre musical.
L’heure a été aux retrouvailles au cours de concerts et sound-system pour de nombreux fans. Les bandes Fm ont passé en boucle certains tubes d’anthologie de celui qui a été surnommé «Roi du reggae».
Pour peu de gens néanmoins, l’opportunité a ét mise à profit pour revisiter la pensée de Bob, parler des panafricanistes, du père fondateur du Rastafarisme, Marcus Garvey.
Les thèmes de la Négritude, de l’unité de l’Afrique, de sa place dans le monde auront été débattus par ceux-là qui tiennent à la dimension politique du message de Bob (la musique renvoie toujours à un message chez les rastas).
Rappelons que le Rastafarisme, doctrine-religion, a été fondé sous la conviction que l’ancien Négus d’Ethiopie, Haïlé Sélassié, est l’incarnation de Dieu sur terre. Marcus Garvey en est le principal idéologue. Au centre de la pensée de Bob Marley ou de ses sujets de prédilection, il y a l’homme. Etant au début et à la fin de tout, il devrait être le centre névralgique de toute action.
Au-delà des faits historiques tels que la traite négrière, la colonisation…, Bob Marley et ses amis ont choisi de dénoncer un système qui asservit la grande majorité des humains pour le profit de quelques uns. Aussi, ont-ils dénoncé cette logique implacable du capitalisme qui ravale l’individu au rang d’un maillon dans la chaîne de fabrication d’une plus-value financière et d’une logique d’accumulation de richesses.
Le mérite de Marley et des siens a été de dénoncer ce «Babylon system» qui se sert d’écoles, d’églises… pour abêtir davantage. Le «système» comme il aimait à le dire, se sert de tout ce qui est en sa possession pour endormir et définir son agenda comme pour montrer qu’il est la seule référence.
La crise financière, les limites du capitalisme, le chômage révèlent aujourd’hui la monstruosité de ce système qui parle de droits de l’homme, tout en violant les principes de partage au sein de l’Humanité. A l’heure où la production est largement suffisante, la famine et la faim frappent encore dans certaines contrées, hélas.
Convaincu qu’il était possible d’emprunter une autre voie que celle du capitalisme à l’occidentale, Bob, avec une arme musicale toute chaleureuse, a fondé un immense espoir en la terre-mère, l’Afrique, que veulent retrouver les rastas, les descendants d’esclaves déracinés au nom de la logique du profit.
Et pourtant, il était loisible à l’Afrique d’emprunter, après l’indépendance, une autre voie pour son salut, sa prospérité… , se réconcilier avec elle-même. Le temps des indépendances et des «présidents pères-fondateurs» passé, nous avons assisté à la déconvenue avec des «putschs», «hold-up électoraux», «partis uniques»… L’arrivée du multipartisme a sonné l’heure de la démocratie de façade.
L’Afrique en manque d’unité et d’indépendance. Bob Marley qui a tant parlé d’unité serait peiné de voir encore le continent dans ce marasme, même si l’espoir est toujours permis.