Sa disparition, il y a 31 ans!
31 ans! A cinq années près, c’est quasiment l’âge qu’avait Bob Marley à sa disparition, le 11 mai 1981. Cet anniversaire a été célébré à travers le monde par tous ceux qui ont aimé sa musique et écouté son message engagé pour l’unité de l’Afrique et l’amour fraternel entre les hommes.
La presse l’a surnommé le « Pape du reggae », cette musique qu’il a largement contribuée à faire rayonner dans le monde, continue pourtant d’être adulée. De partout. Ses contemporains, comme ceux qui naquirent après lui, apprécient la dimension musicale de l’homme et son oeuvre de plus d’une dizaine d’albums. La musique reggae ne pourrait, néanmoins, résumer Bob Marley, même si c’est celle-ci, par son engagement, sa rythmique, son appel était la plus indiquée pour délivrer le message. Un message plutôt d’amour, de fraternité et d’unité. Surtout pour la terre-mère, terre-promise (Afrique), assimilée chez les rastas à Zion.
Aussi, Bob Marley, fruit d’un métissage entre un anglais et une descendante d’esclave jamaïcaine, avait-il, lui et ses amis, résolument identifié le combat à mener pour restaurer cette dignité perdue de l’homme noir, spolié et déraciné par l’esclavage, la colonisation, le néocolonialisme, l’impérialisme.
Qu’importe si nombre de termes ne sont plus usités ou sont passés de mode. Dans le monde, d’après les guerres mondiales et l’espoir suscité par une décolonisation, qui s’inscrivait dans la marche inéluctable de l’histoire, la donne en était à un monde bipolaire entre les blocs Est et Ouest. Et l’homme noir ne s’y retrouvait toujours pas. Les premiers dirigeants africains, vaniteusement appelés pères-fondateurs, se pliaient à la logique des intérêts des puissances étrangères. L’illusion d’une libération n’en était que plus grande pour les peuples, mais nombre de ces dirigeants prenaient les consignes auprès des ex colons. Que dire alors de la diaspora noire ?
Sa situation n’était pas plus enviable, bien qu’elle s’est évertuée, par des figures historiques comme les Dubois, Marcus Garvey et autres, à rompre les chaîenes de l’esclavage. En ce sens, elle menait le combat, malgré un confinement dans une certaine «ghettoïsation» et une paupérisation. Elle prenait de l’avance sur l’Afrique dont la plupart des dirigeants étaient enchevêtrés dans «l’esclavage mental».
C’est là que les rastas, relayés par les «freedom fighters», parfaits musiciens de reggae, ont choisi de se battre pour dénoncer, combattre le «système». Un système qui ne mise que sur la rentabilité et ne vomit pas l’exploitation ou l’asservissement du prochain. La prophétie de Garvey de 1927, indiquant à ses frères de se tourner vers l’Afrique pour la délivrance, sera suivie par les rastas qui ont vu en Haïlé Sélassié, couronné en 1930 roi d’Ethiopie, comme le sauveur et mieux encore, comme le représentant de Dieu sur terre.
Loin de cette idéologie, le message de Bob Marley, musicien hors pair ayant vendu plus de 200 millions d’albums, appelait à la paix et surtout, en visionnaire, à l’unité africaine. Plus de trois décennies après sa disparition, force est de constater que l’Afrique semble avoir raté le train de l’histoire. La Guinée-Bissau, le Mali, le Soudan, le Soudan du Sud… s’illustrent, aujourd’hui, hélas, dans l’actualité mondiale de la pire des façons.
Obama, un autre métis, président des Etats-Unis, n’est que la face visible de l’iceberg. Son ascension sociale ne reflète pas une meilleure humanisation des rapports. Le règne des «illuminati», ces «dominateurs implacables dont le but essentiel est de conserver leur pouvoir sur la population», est encore plus que de rigueur.
Et que dire des autres micros-Etats africains qui se retrouvent pris au piège de la démocratie, de la bonne gouvernance et de l’agenda édicté par l’Occident? Si ce n’est qu’il faut impérativement satisfaire aux recommandations des maîetres du monde et se plier à leur agenda.
Ah ! Cette Afrique dont les dirigeants pensent, d’emblée, à satisfaire les Occidentaux plutôt qu’à oeuvrer pour le salut de leurs peuples ! Cette Afrique dont les dirigeants s’empressent, une fois vaincus par les urnes, de se réfugier en Occident ! Cette Afrique dont la classe politique pense plutôt à se servir qu’à servir, et dont certaines élites, alphabétisées, ne pensent en aucun cas être redevables aux peuples.
Marley implorait l’Afrique de tout son coeur, il l’appelait et souhaitait son unité, fort de la conviction que nous ne pourrons pas survivre autrement. En ce jour anniversaire de sa disparition, il aurait bien aimé que la situation connaisse une évolution positive.