A la fin, le dialogue a pris fin sans attendre… d’atteindre sa fin?
Le dialogue politique initié par le président du Faso et qui mettait face à face pouvoir et opposition a été rompu, lundi 6 octobre 2014.
Le dialogue politique initié par le président du Faso et qui mettait face à face pouvoir et opposition a été rompu, lundi 6 octobre 2014. A la base de cet échec, la non prise en compte, par la partie d’en face, de préalables posés par l’opposition. Alors que l’opposition souhaite que les points sur lesquels il n’y aurait pas eu d’accord restent en l’Etat, l’autre partie estime que c’est au chef de l’Etat de trancher.
C’est la conclusion d’une pièce qui s’est jouée en 4 actes.
Acte 1: le 23 septembre, une première rencontre avait permis aux deux parties de marquer leur accord de principe pour un dialogue inclusif «autours des différentes appréciations en rapport avec la révision de la constitution ».
Lors de l’acte 2, les deux parties s’étaient mises d’accord pour désigner deux co-présidents et chargent les rapporteurs de préparer un document de cadrage qui serait examiné le lundi 29 septembre.
Lors de ce 3ème épisode, ils arrêtent 5 points de discussion, parmi lesquels la question de l’article 37 de la Constitution et celle du sénat.
Mais l’opposition fait part de ses réserves sur la suite à donner aux points qui ne rencontreront pas de consensus. Et c’est pour résoudre cette question que les deux co-présidents que sont Zéphirin Diabré et Assimi Kouanda échangent avec Blaise Compaoré le 30 septembre.
« Au cours de cette rencontre, le président du Faso a clairement indiqué qu’au regard de ses prérogatives, il est de son devoir de donner une suite aux points de non consensuels, car la République et les institutions doivent continuer de fonctionner », rapporte M. Diabré. Ce qui veut dire que si les deux parties ne s’entendaient pas sur une question (comme celle de la modification de l’article 37 de la Constitution qui limite à deux quinquennats consécutifs le nombre de mandas présidentiels par exemple), ce serait au président du Faso de trancher.
« Inadmissible » répond en substance l’opposition, qui estime que ces points non consensuels doivent rester en l’état. « Pour nous, quand on dit point non consensuel, ça veut dire que chacun doit s’abstenir de prendre une décision », précise Zéphirin Diabré. « Imaginez que la question de la modification de l’article 37 fasse l’objet de désaccord comme cela est prévisible, et que l’on s’en remette à la décision du chef de l’Etat. Il va dire : comme vous ne vous êtes pas entendus sur la question, je vais demander au peuple de trancher », explique Saran Sérémé, chef d’un parti de l’opposition, qui a pris part aux discussions.
C’est tout logiquement que cette question du sort réservé aux éventuelles questions non consensuelles a constitué le point d’achoppement au quatrième acte qui s’est joué ce matin au cours d’une rencontre au palais présidentiel. Les deux parties sont parvenues à la conclusion que les discussions n’iront pas loin. La rencontre n’a pas duré plus d’une heure, le temps de constater les points de désaccord. « En effet, devant le préalable réitéré par le co-président et chef de délégation de l’opposition politique sur la question de « que fait-on des points de désaccord? », la délégation de la majorité n’avait pas de solution à ce questionnement », relate Zéphirin Diabré.
Informé de la situation, c’est l’initiateur du dialogue, qui est le chef de l’Etat, « a indiqué que le dialogue inclusif s’arrêtait et que d’autres formes d’échanges seront développées », ajoute le chef de file de l’opposition. « Face à cette impasse, l’opposition politique estime que les principes fondamentaux d’un dialogue inclusif ne sont pas respectés. Par conséquent elle suspend sa participation à ce dialogue », martèle Zéphirin Diabré, ajoutant que l’opposition tenait à exprimer « sa profonde déception quant à la volonté clairement affichée par le président du Faso d’aller au référendum en se basant sur n’importe quel prétexte ». Et de mettre en garde contre toute tentative de tripatouillage de la constitution pour permettre à l’actuel chef d’Etat de briguer un nouveau mandat.