Le RSP sans respect?
Les manifestations contre le Régiment de sécurité présidentielle se poursuivent. A l’appel d’Organisations de la société civile (OSC), des manifestants s’étaient retrouvés à la place de la Révolution. Au menu de la manifestation, des slogans hostiles au RSP et au CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès), parti du président déchu, Blaise Compaoré.
«A bas le RSP»; «S‘ils sont forts, qu’ils aillent s’attaquer à Boko Haram au Nigeria»; «Qu’ils déposent les armes et viennent nous affronter au corps à corps...». C’est ce qu’on pouvait entendre, à la place de la Révolution à Ouagadougou. En attendant qu’on finisse de disposer un podium pour le meeting, un micro passait entre les mains d’harangueurs de foule qui tenaient l’assistance en haleine en déversant leur bile sur le Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP).
Puis, ce fut le tour de Augustin Dabiré, un élève du Lycée Marien N’Gouabi, d’entonner le « Ditanyè » pour ragaillardir ses camarades, nombreux sur la place de la Révolution. Après, des représentants d’OSC, notamment du Collectif Anti-Référendum (CAR), du collectif «Tous unis pour une transition réussie», du mouvement «Je m’engage pour ma patrie» (JEP) et de l’Alliance 21e pour le Progrès se sont succédés au podium. Si les points de vue sur la situation actuelle du pays différaient en fonction de ceux qui se remplaçaient au parloir, tous s’accordaient sur un point: la dissolution du RSP.
Çà et là, par petits groupes de discussion, des gens donnaient leurs lectures de la situation nationale, tandis que d’autres se plaisaient à contempler une exposition de photos à même le sol d’acteurs de la vie politique nationale, sans se soucier de la canicule car le soleil était au zénith.
Blaise Compaoré n’est plus là, à quoi sert le RSP?
D’aucuns estimaient que le RSP voulait prendre en otage la transition et le peuple burkinabè, tandis que d’autres trouvaient que le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, n’avait pas pris ses responsabilités, dès le début de la transition. Par contre, tous étaient unanimes sur une revendication: la dissolution pure et simple du RSP.
«Le RSP sécurisait Blaise Compaoré. Maintenant que ce dernier n’est plus là, à quoi sert cette force?», s’interrogeait Souleymane Ouédraogo, un citoyen ayant répondu au mot d’ordre de rassemblement lancé par Hervé Ouattara, président du Bloc 21, la veille. «Il y a des voleurs», a-t-il poursuivi, «des bandits de grand chemin qui troublent chaque jour le sommeil des honnêtes citoyens ; qu’ils s’attèlent à les combattre».
Dr Aristide Ouédraogo du mouvement «Je m’engage pour ma patrie» (JEP) a, pour sa part, estimé que c’est le fait que les citoyens qui ont conduit le Burkina dans cette situation insurrectionnelle, sont libres de leurs mouvements, qui pose problème. «Lorsque des citoyens de ce pays ont des fonds colossaux et vivent à l’extérieur, c’est dangereux pour la patrie. Si la transition ne s’est pas immédiatement penchée sur cette question et continue à regarder faire, cela pose problème», a-t-il estimé. Pour lui, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida doit rester en place, car démanteler les organes de la transition, c’est la faire échouer à coup sûr.
Pour Tanga Felix Ouédraogo du collectif «Tous unis pour une transition réussie», il est important de veiller à ce que la transition fonctionne. A l’en croire, c’est l’inclusivité prônée dès les premiers instants de la transition qui est la cause de la situation actuelle. «On a permis à des gens qui nous ont conduits dans la situation actuelle de rester dans le pays, libres de leurs mouvements. Et ce sont eux, accompagnés du RSP, qui veulent déstabiliser la transition. Nous sommes là pour nous opposer à cette manœuvre», a-t-il lancé avant de demander la dissolution pure et simple du RSP.
Pour chacune des OSC présentes, la mobilisation ne fait que commencer et se poursuivra.