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BURKINA FASO: trafic d’armes – Un faiseur de paix impliqué?

Des alarmes d’armes… qui désarment!

La chose n’a vraiment rien de surprenant. Le Burkina Faso, pays des Hommes intègres, est impliqué dans un trafic d’armes, violant ainsi l’embargo en vigueur depuis 2004. C’est un rapport de l’ONU qui le dit, avec des détails qui laissent perplexe. Le Burkina, précise ce document de 33 pages, a fourni 540 lance-grenades, initialement commandées par la présidence du Faso, au régime ivoirien. Les enquêteurs disent avoir trouvé à Abidjan, de multiples véhicules suspects achetés dans le passé, mais modifiés à des fins militaires.

altLes enquêteurs redoutent d’éventuelles caches d’armes dans le Nord de la Côte d’Ivoire

Et ce n’est pas tout. Le rapport publie des photos de pick-up équipés désormais de mitrailleuses lourdes. De quoi susciter les craintes des enquêteurs qui redoutent d’éventuelles caches d’armes dans le Nord de la Côte d’Ivoire, notamment en sa partie frontalière avec le Burkina. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que jamais un rapport n’aura été aussi accablant pour le Burkina Faso qui, depuis un certain nombre d’années, s’emploie à donner au reste du monde l’image d’un pays attaché à la paix et à la stabilité de la sous-région. Cette image a longtemps été renforcée par les médiations tous azimuts conduites par le président du Faso, qui, mutatis mutandi, ont connu du succès.

C’est dire que ce rapport est des plus gênants pour le médiateur attitré de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Blaise Compaoré. Qu’un faiseur de paix se trouve ainsi impliqué dans une histoire de trafic d’armes, cela paraît pour le moins saugrenu. Reste que déjà, depuis la guerre au Libéria et en Sierra Leone, le Burkina passait aux yeux du monde pour un Etat « voyou » et déstabilisateur. Image que nos diplomates ont tenté de gommer.

Ce rapport constitue une très mauvaise publicité pour le Burkina et pour le président Blaise Compaoré

Ce devait être déjà assez pour nos gouvernants pour tirer toutes les leçons. Mais voilà, une fois de plus, le Burkina est sur la sellette. En attendant la réaction des autorités burkinabè qui livreront certainement leur « part de vérité », il faut dire que ce rapport constitue une très mauvaise publicité pour le Burkina et partant pour le président Blaise Compaoré, en tant que chantre sous-régional de la paix.

Qui pis est, ce rapport tombe à un moment où le pays traverse une situation politique difficile, caractérisée par une bagarre ouverte entre le pouvoir et l’opposition politique au sujet d’une éventuelle modification de l’article 37 de la Constitution. Une situation qui met dans l’embarras les soutiens du président burkinabè ; ceux-là mêmes qui s’efforçaient de le présenter comme le grand faiseur de paix.

Cela dit, on ne peut s’empêcher de se poser une question : pourquoi l’ONU arrive-t-elle chaque fois comme un sapeur-pompier après l’incendie ? Plutôt que de produire des rapports en aval, n’y a-t-il pas lieu, pour cette instance internationale, de travailler en amont de sorte à éviter le pire ? Ce serait en fait l’idéal. Mais comment le faire au regard de la porosité des frontières africaines qui n’existent que sur papier ?

Boundi Ouoba

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