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BURUNDI: Egide Majambere (23 ans) – Fourrer pour gagner plus qu’un fonctionnaire

Fourrer et bourrer… ses poches!

Son seul capital: un vélo et une serpette. Egide Majambere, 23 ans, passe sa journée à sillonner marrais et pâturages, à la recherche de fourrage, qu’il vend aux éleveurs de gros bétail. Grâce à ce travail, le jeune homme gagne plus qu’un fonctionnaire de l’État.

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Son seul capital: un vélo et une serpette. Egide Majambere, 23 ans, passe sa journée à sillonner marrais et pâturages, à la recherche de fourrage, qu’il vend aux éleveurs de gros bétail. Grâce à ce travail, le jeune homme gagne plus qu’un fonctionnaire de l’État. Le point de vente où opère Egide Majambere, 23 ans, se trouve sur la route nationale numéro 5 entre Bujumbura et Cibitoke. Vendeurs et acheteurs de fourrages s’y rencontrent en masse pour former un type de marché peu répandu au Burundi.

Un début difficile 

Egide a commencé ce métier en 2008, pour l’interrompre une année après. Dégoûté aussi vite ? « Non, du tout. On m’avait plutôt volé le vélo« , raconte-t-il. Mais cela ne l’arrêtera pas. Toujours près du gros bétail d’autrui, Egide devient berger, puis trayeur, puis encore vendeur de lait… avec un seul objectif : avoir un nouveau vélo pour reprendre le commerce de fourrage. Près d’une année après, en 2009, il retourne à son job préféré.

Le premier jour, Egide gagne 2 200 francs burundais par tour. « Je ne savais pas encore bien charger mon vélo. Mais au fur et à mesure, j’ai su offrir mieux à mes clients. Je pouvais ainsi avoir 3 000 francs, 3 500 francs… les prix allaient souvent en augmentant. » Actuellement, il se réjouit de gagner entre 5 000 et 8 000 francs par tour.

250 000 francs burundais par mois 

Egide fait généralement deux tours par jour. Le premier tour est réservé à l’étable d’un éleveur qui lui paie 28 000 francs la semaine, à raison de 4 000 francs par jour. « Pour cette étable, je ne m’évertue pas trop. Mon patron n’a que deux vaches« , soutient-il. Au second tour, Egide attend le client sur le point de vente. Cet éleveur de Buringa qui a une quinzaine de vaches le paie environ 40 000 francs la semaine.

Résultat : le jeune homme gagne facilement 250 000 francs burundais par mois. « La somme est variable, mais elle est au-dessus de 200 000 francs« , affirme Egide qui ne précise pas de montant. Mais que fait-il de cet argent ? Egide, étant l’aîné de la famille de 3 enfants, aide ses cadets encore au primaire à poursuivre leurs études. « Il faut me battre pour avoir leurs frais de scolarité, les cahiers, les habits… C’est aussi un honneur pour moi qu’ils aient pu retourner sur le banc de l’école, grâce à mon métier. » Sa famille habitant la capitale Bujumbura, où il intervient souvent pour payer les frais de logement.

Grâce au fourrage, Egide est devenu quelqu’un 

Egide pense également à son avenir propre. Il a déjà acheté une propriété là où il est né en province de Kirundo, au nord du Burundi. « C’est une propriété sur laquelle mon père et mes frères n’ont aucun regard« , avoue-t-il. Egide compte y pratiquer des cultures.

Buringa, où vit et travaille Egide, et Kirundo, où il est né, sont deux coins distants de plus de deux cents kilomètres. La quasi-totalité des gens de sa colline natale ne savent pas ce qu’il fait. Ils voient seulement qu’il a grandi et est devenu quelqu’un. Des enseignants du primaire et du secondaire le savent mieux quand Egide débarque chez eux. « Quand ils me voient, ils sont sûrs au moins que ce jour, ils ne manqueront pas de boisson. C’est souvent moi qui leur offre de la bière« , raconte Egide.

Selon Egide Majambere, ces enseignants n’ont qu’une chose de plus que lui: la propreté. « Là aussi, c’est parce qu’ils ont le temps« , explique-t-il. Egide, lui, a l’argent. À titre de comparaison : un enseignant d’un lycée de Bujumbura diplômé et ayant huit ans de service a un salaire mensuel de 181 000 francs burundais. Egide, lui, n’a jamais été à l’école et empoche 250 000 francs par mois.

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